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Saturday, April 29, 2023

Intuition.
Saint Sophrony l'Athonite.

 

Icône de Saint Sophrony.

      Malgré une conscience aiguë de mon extrême insignifiance - ou peut-être justement en raison de ce tourment intérieur -, j'ai prié pendant des dizaines d'années pour que le Seigneur me donne, à moi aussi, l'inspiration de le suivre« partout où Il va » (Ap 14,4). Partout, que ce soit au désert pour mettre à l'épreuve la fidélité de mon amour pour le Père (voir Le 4, Is), sur la voie de la prédication du Royaume de l'amour paternel sans reculer devant les innom­brables avanies qui l'accompagnent, sur le mont Thabor où les trois élus entendirent la voix du Père: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé» (Mt 17, 5), ou encore - avant tout - au jardin de Gethsémani ct au Golgotha.

Par «inspiration», j'entends la puissance du Saint-Esprit agissant au-dedans de nous (voir Jn 4, 13-15 ; 7, 37-39). Ce genre d'inspiration ne se situe pas sur le même plan de l'être que l'inspi­ration dans les domaines artistique ou philosophique. Celle-ci - propre à notre nature déchue - peut aussi être comprise comme un don venant de Dieu, mais elle ne conduit ni à l'union avec le Dieu personnel ni même à une connaissance intellectuelle à son sujet.

L'inspiration véritablement sainte - celle qui vient d'En-haut et procède du Père - ne s'impose à personne par la force. Comme tout autre don de Dieu, elle s'acquiert par un intense effort dans la prière (voir Le 11,9-13). Cela ne veut pas dire que Dieu nous donnerait une sorte de «salaire» en récompense de nos labeurs, mais que ce qui a été acquis consciemment et dans les souffrances devient le bien imprescriptible de l'homme pour l'éternité. Nous avons tous besoin de passer par une complète régénération de notre être, accomplie en nous par la grâce, et de restaurer ainsi notre capacité à être déifiés. Tout cela cependant n'est possible que par notre retour à Lui, ce qui ne va pas sans de nombreux tourments. Dieu nous fuit vraiment don de sa vie; celle-ci devient, dans la pleine acception du terme, notre possession personnelle. Sa gloire éternelle repose sur ceux qu'Il a rachetés. Elle demeure en eux non pas comme quelque chose de surimposé à leur nature, non pas comme la présence en eux de quelque chose d'extrinsèque, d'« étranger» ou d'« injuste» (voir Le 16, 11-12). Non, la vraie déification consiste en cc que la vie sans commencement de Dieu se communique réellement à la créature raisonnable, d'une manière inaliénable dans les siècles. En d'autres termes, l'homme «en hypostasie» (assume dans son hypostase) la vie divine de la même manière que le Verbe, en s'incarnant, a «enhypostasié » la forme de notre être qu'Il a créée. L'union des hommes et de Dieu deviendra totale dans le siècle à venir. Elle englobera tout le contenu de son Être, sauf - évidemment - l'identité selon l'Essence. Celle-ci est incommunicable aux êtres créés; elle demeurera à tout jamais inconnaissable pour toutes les créatures, tant pour les anges que pour les hommes.

Le Royaume du Père est l'unité ontologique de tous les êtres sauvés; il ne peut, comme tel, être ébranlé par rien ni par personne (voir Hb 12,27-28). L'inspiration d'En-haut dépend dans une large mesure de notre attitude: si nous ouvrons toute large la porte de notre cœur, le Seigneur - l'Esprit saint - entrera en nous sans rencontrer de résistance. Il « se tient à la porte [de notre cœur] et Il frappe. Si quelqu'un entend sa voix et lui Ouvre la porte, Il entrera chez lui, Il soupera avec lui», et lui avec Dieu (voir Ap 3, 20). Le Seigneur ménage la liberté de ceux qui sont créés «à son image ». Nous, nous devons savoir ce qui est accep­table pour Lui et ce qui ne l'est pas. D'où l'impérieuse nécessité pour tous et pour chacun de ne pas se permettre des actes, de ne pas se laisser aller à des mouvements intérieurs de notre esprit qui contristeraient l'Esprit divin. C'est par notre sincère persévérance dans la sphère des commandements du Christ que notre mort, conséquence du péché, entre peu à peu dans un processus de gué­rison totale; toute notre vie se trouve ainsi pénétrée de la Lumière incréée de l'éternité divine.

Lorsque notre âme est touchée par cette éternité d'une manière existentielle, les viles passions se détachent de nous. Nous nous écartons des luttes Fratricides pour la possession des richesses de cc monde. Sur nous descend la «paix du Christ» et nous recevons la force d'«aimer les ennemis». «Je vous donne ma paix» (J n 14, 27). La paix du Christ est plus précieuse que routes les richesses, que tous les plaisirs et toutes les joies de la terre. Elle consiste dans la connaissance assurée du Dieu vivant, de notre Père. Il nous suffit d'un peu de nourriture, d'avoir un toit au-dessus de notre tête, d'avoir le corps protégé du froid et de la honte (voir 1 Tm 6, 8); l'essentiel, c'est que l’intellect, notre esprit, soit libre de se plonger dans la contemplation de l'être divin révélé par le Christ. La nostalgie du monde supérieur, notre amoureux élan vers lui est notre joie. Elle rend même royalement magnifique une vieillesse douloureuse, car toute remplie de l'arrente des miséricordieux «embrassements du Père» (voir Le 15, 20).

 

 

Référence :

Voir Dieu tel qu’Il Est. Archimandrite Sophrony. Sel de la terre. 2004.

Saturday, April 8, 2023

Connaître la volonté de Dieu.
Saint Sophrony l'Athonite.

           

Saint Sophrony avec
 un de ses fils spirituels.

 En venant du Mont Athos en France, j'ai écrit le livre sur le Starets Silouane. Le problème «comment connaître la volonté de Dieu» y est traité d'une manière très concise mais, quand même, dans la perspective bien établie par la tradition millénaire de l'Église. Je n'aime pas relever des défauts chez qui que ce soit parmi vous - vous que j'aime beaucoup - , mais je désire quand même que vous deveniez plus aptes à servir les autres en vue de leur salut, et que, par ce service, vous trouviez votre propre salut.

Saturday, February 25, 2023

Qu'est-ce que le non-être?!.
Saint Sophrony l'Athonite.



Saint Sophrony l'Athonite

        Le Christ, lorsque nous Le voyons à travers l'Evangile, tâchait de nous transmettre Sa propre vie, à nous les hommes ... Ne soyez pas scandalisés si je parle du Christ comme premier exemple pour nous. Et maintenant, arrivé à la fin de mes jours, je désire aussi vous donner ma vie sur le plan de l'esprit.

Le Seigneur a dit: "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas" (Matthieu 24, 35). La parole n'est pas simplement une vibration de l'atmosphère; la parole est vie véritable et vie éternelle. Et si nous parlons dans la perspective de l'Evangile, alors notre parole, elle aussi, ne meurt pas. La parole est vie, esprit, et non une simple agitation de l'air. Ainsi, lorsque nous quitterons ce corps, ce que la parole aura exprimé restera avec nous.

Saturday, February 18, 2023

Our choice in Christ.
St. Sophrony the Athonite

 

Saint Sophron the Athonite.


    Christ is miracle beyond comprehension. He is the all-perfect revelation of God. He is also the all-perfect manifestation of man.

Everyone of us will at some moment be brought to the in­visible border between time and eternity. Arriving at this spiritual boundary-line, we shall have to determine our future in the world that lies before us, and decide either to be with Christ, in His likeness, or to depart from Him. Once the choice ­to identify with Christ or to refuse Him-has been made, of our own free will, for all eternity, time will no longer function.

Saturday, January 28, 2023

Praying for the sick.
St. Sophrony the Athonite

 

Jesus heals the Canaanite's daughter.

It is not at all easy for a monk to bear the burden of being a confessor. On the one hand it is beneficial for him personally when people think poorly of him, since censure fosters humility. More urgent prayer rises to God from the ailing heart. It is easier for him to cry to God for the salvation of the world, since he himself exists by suffering, like the suffer­ing of the great majority of the inhabitants of the earth. On the other hand, if he is engaged in the work of a spiritual father, every negative word about him instils distrust in him on the part of people in need of exhortations, comfort and support. His sorrow is twofold: for himself as being unworthy of his calling, and then for the harm brought on the whole Church, on all mankind, when the authority of the priest is undermined. Unheeding a spiritual father's injunctions is tantamount to rejecting the word of Christ Himself. (He that heareth you heareth me; and he that despiserh you despiseth ... him that sent me,")

Saturday, December 17, 2022

The Word of the Father.
St. Sophrony the Athonite

 

Saint Sophrony the Athonite.

        “He that hath seen the Son hath seen the Father” (john 14:9). “He that hateth the Son hateth the Father also” (cf John 15:23). “He that believeth on the Son hath ever­lasting life: and he that believeth not the Son shall not see life; but the wrath of God abideth on him” (john 3:36).

Through the Holy Spirit, “Which proceedeth from the Father” and reposes in the Son, we know the Son in His Divinity and in the nature of man that He assumed. It is in the Holy Spirit that we live the Father.

Saturday, November 19, 2022

Les mystères célestes.
Saint Sophrony l'Athonite.

Saint Sophrony l' Athonite.

Dieu révèle les mystères du salut

Malgré toute la différence et toute la distance qu’il y a entre Dieu et nous, le Seigneur a trouvé le moyen de nous sauver de notre état misérable. Comment pouvons-nous nous préparer à être avec un Dieu aussi grandiose, aussi absolu ? Pendant la Liturgie de Saint Basile, durant la Grande entrée nous disons cette prière :

« Ô Toi qui Es,

Ô Dieu le Père, Maître et Seigneur,

Qui nous as créés et nous as introduits dans cette vie,

Qui nous as montré la Voie du salut,

Qui nous as donné la révélation des Mystères célestes… »

C’est de ces mystères célestes que nous parlerons.

Saturday, September 17, 2022

The action of God in us.
Saint Sophrony the Athonite.

             

Saint Sophrony the Athonite.
        Nowadays there are people all over the world in search of a solution to their quest. This widespread unallayed spiritual thirst is a historical event that is really tragic. Many are on the edge of despair. Every one of them, according to his own measure, in the depths of his spirit suffers from the absurdity of contemporary life. They are inconsolable in their grief; their own individual efforts are not enough to free them from the enclosing world of confusion, and stay their minds on the most important thing of all.  

Ours is sometimes called the post-Christian age. But I personally, from what I know of the history of the world and of Christianity, am convinced that Christianity in its true dimensions has never yet been properly grasped by the great mass of people. Kingdoms pretending to the name of 'Christ­ian', and their peoples, have worn the mask of piety, while 'denying the power thereof' They have lived, and live, like heathens. Strange as it may be, it is precisely the Christian countries who keep the greater part of the universe in the iron grip of slavery. In these latter years they have shrouded the world in a dark cloud of expectation of apocalyptic fire: 'the heavens and the earth, which are now ... reserved unto fire against the day of judgment and perdition of ungodly men.'

In the present crisis of Christianity among the popular masses it is quite justifiable to discern a rebellion of the natural conscience against the distortions which the Gospel teaching has suffered in its historical destinies.

We are living again in the atmosphere of the first centuries of our era: unto us 'it is given in the behalf of Christ, not only to believe on him, but also to suffer for his sake'. More than once have I rejoiced in the thought that, for the most part, my life has coincided with harassment of Christianity. This allows me the more acutely to feel myself a Christian, to realise the incomparable honour in times like these of following the only-begotten Son of the Father on His path to Golgotha. Persecution is rife everywhere but in different forms - none of which, however, is easy to bear. May the God of love deliver every soul from the calamity of being a tormentor even of 'one of these little ones'.

In 'suffering for his sake ' there is an especial blessing and even election: he who suffers, by the very force of circumstances places himself in constant association with Jesus Christ, is led into the sphere of Divine love and becomes God-bearing.

There are two ways for theology: the one, widely familiar in previous centuries, appertaining to the professional theo­logian; the other, which means being crucified with Christ. knowing Him in the secret places of the heart. The first of these types is accessible to the majority of the intellectually endowed having a preference for philosophical subjects - genuine belief in the Divinity of Christ expressing itself in a life lived according to the spirit of His commandments is not needed. The second is the theology of the confessors, which is born of a profound fear of God in the fiery flames of repentance, leading to existential reality through the appearance of Uncreated Light. Academic theology com­bined with living faith affords blessed results. But it can easily degenerate into abstract theory, and cease to be what we see in the lives of the Apostles, Prophets, Fathers - the direct action of God in us. 'No man can come to me, except the Father which hath sent me draw him ... It is written in the prophets, And they shall be all taught of God. Every man therefore that hath heard' [in his heart] 'and hath learned of the Father, cometh unto me'.

The Holy Trinity is the God of Love. The love of which the Gospel treats is the uncreated life-force of unoriginate Divinity. The property of this Love is to unite us in very being. He who dwells in this unity with God gradually grows to realize what is happening to him. 'But God hath revealed [knowledge of Him] unto us by his Spirit: for the Spirit searcheth all things, yea, the deep things of God ... We have received, not the spirit of the world, but the spirit which is of God: that we might know the things that are freely given to us of God. Which things also we speak, not in the words which man's wisdom teacheth, but which the Holy Ghost teacheth. 'Thou art the Christ, the Son of the living God'.

And as Jesus answered, 'flesh and blood hath not revealed it unto him [peter], but my Father which is in heaven'. 'Great is the mystery of godliness: God was manifest in the flesh, justified in the Spirit, seen of angels, preached unto the Gentiles, believed on in the world, received up into glory'. And this is natural growth in the Spirit through dwelling in the Divine realm by keeping Christ's commandments. The mind straightway apprehends knowledge and formulates it in human terms. It happens like a flash of lightning, when the heart is burning with love. This is the 'marvelous light' of eternity to which we are called.!..

 

 

Reference:

On Prayer. Archimandrite Sophrony Sacharove. 1996.

Saturday, September 10, 2022

Se charger de sa croix.
Saint Sophrony l'Athonite.

Saint Sophrony, jeune moine
 au Mont Athos.

 Toute «œuvre» chrétienne est nécessairement liée à l'ascèse; l'amour, œuvre suprême entre toutes, nécessite le plus grand effort. En sa réalité profonde, la vie du chrétien consiste à suivre le Christ: «Que t'importe [ce qui peut arriver à autrui]? Toi, suis-moi» (voir Jn 21,2). En vertu de cela, chaque croyant répète à un degré ou à un autre la voie du Seigneur. Mais ce n'est pas par ses propres forces qu'il prend la croix sur ses épaules pour aller à Gethsémani puis au Golgotha, «car hors de Lui nous ne pouvons rien faire» (voir Jn 15,5). Ceux qui ont reçu cette redoutable bénédiction ont anticipé leur résurrection, le lot des autres, c'est la foi en la miséricorde de Dieu. 

Saturday, August 27, 2022

Saint Sophrony’s touch.
Metropolitan Athanasius of Limassol.

 Elder Sophrony: a man who was perfect in Christ

Elder Sophrony with various pilgrims to his Monastery,
 including Elder Joseph of Vatopedi, Metropolitan Athanasios of Lemesou, Elder Zacharias of Essex, and Elder Kirill

        It took place in winter, right before Christmas under the Julian calendar, somewhere around 1970. I had already read the book by St. Sophrony of Essex, We Shall See Him as He Is. It belonged to Geronda Dionysius of Dionysiou monastery, a spiritual and holy man who lived not far from elder Sophrony. I took the book from him and gave it to our Geronda Joseph, and we read it together. When we finished reading it, Geronda Joseph said: “He is a great saint!” He was impressed by the profound depth of the theological narratives, spiritual but not academic, and St. Sophrony’s unbelievable experience. Taking advantage of this state of “spiritual exaltation,” I said, “Geronda, why don’t we go and take a blessing from Elder Sophrony while he is still alive?” Geronda Joseph replied, “Well, but how can we get to England? Do you think, my child, it’s so easy?” I suggested: “Give me your blessing and I’ll take care of it.” He agreed. I was younger and livelier at the time than I am now, so I arranged our trip to England. And so, we, Geronda Joseph and I, made a short trip to England, arranging through one of our friends to meet with Elder Sophrony.

We went to the monastery straight from the airport and arrived there in the evening, about 11 pm. It was awfully cold. St. Sophrony was waiting for us at the gates, next to the monastery fence. He waited for us in this bitter cold, along with a few other brethren. As soon as Geronda Joseph got out of the cab, Elder Sophrony began to bow. He was crossing himself and bowing. He would bow down as low as his strength allowed—he was already advanced in years. We felt awkward. He hugged and kissed us, and said: “Welcome to England! Let’s go to church and pray.” We went to church and prayed. He commemorated our names in a very heartwarming way.

We remained in the monastery for two days and two nights. Throughout this time, we had meetings and conversations with Elder Sophrony. He shared his memories of the Holy Mountain, of Elder Joseph the Hesychast, St. Silouan, and spoke about his experience of concelebrating Divine Liturgy with him. We held conversations on various spiritual topics. What greatly impressed us was our very perception of the elder Sophrony. He was a man who was perfect in Christ. Geronda Joseph said of him, “If you desire to see a perfect man, look at this elder. If you wish to know how the Gospel transforms a man, look at him—he is indeed a man perfect in Christ.” Such was our impression. Afterwards, the elder Sophrony blessed us in all his goodness, both spiritual and human, talking to us in all seriousness and sublimity, welcoming us with all humility and love. The image of his holiness will always remain with us!

 

Father Paisius of Dionysiou: the “mother” of Christ

Monastery Dionisiou.

          A man of deeply inner life... He lived at Dionysiou.

A Cypriot, he grew up in South Africa and resided in England. He was very successful in his economic and commercial endeavors. At some point, he met St. Sophrony of Essex and turned to God. He arrived at the monastery of Dionysiou on Mount Athos and became a monk. He lived there in strict asceticism.

This monk’s life was a stellar example of monasticism. Scrupulous, inconspicuous, humble, replete with obedience and truly inscrutable. He never went anywhere and no one knew about him. He was bestowed with many gifts of the Holy Spirit. He was a man of unceasing prayer, a man of great love, a man enlightened by the Lord Who revealed to him His all-holy will about the people who saw him.

When I first came to the Dionysiou sometime in October or November of 1976, I was overcome with many thoughts about whether or not I should stay on the Holy Mountain. Once, in the evening I walked from the Monastery of St. Paul to Dionysiou, as they were having the Compline service there. I sat down in the side chapel. I knew no one (as an eighteen-year-old student) and certainly no one knew me either. So, I sat there, in my stasidia, in the side chapel of the Laudation of the Most Holy Mother of God, contemplating my life and watching the elders of the Dionysiou; they also sat deep in their stasidia immersed in the darkness of the cathedral and reading the Compline so simply, humbly, and quietly... I was seized with despair and frustration—so I sat there, awash with thoughts: What am I doing on this Holy Mountain? All they have are these elderly monks! They look like living corpses. I am going to leave this place at once! I had a feeling that I was visiting the kingdom of the dead in this monastery. As soon as I thought that, a monk came up to me—he was lighting the oil lamps in the cathedral—and said, “You shouldn’t think this way! The monks you see aren’t dead. They are not. These fathers are filled with life—life in Christ. But when man lives in Christ, it is truly life.” I thanked him and said nothing else. I didn’t know him, nor did I know anyone else there. However, as soon as I left, I realized that it was the answer to my thoughts.

I met this monk again later. His name was Father Paisios. He maintained order in the church, and since he was also a Cypriot, we got to know each other and became friends. Elder Gabriel of Dionysiou once said of him: “This monk is like the one described by St. Simeon the New Theologian—‘he is akin to the ‘mother’ of Christ.’” I asked: “What does that mean, the ‘mother’ of Christ?” Geronda replied, “Like a mother who carries a child in her womb, is aware of him, gives birth and becomes his mother, so does a man who strives in Christ. He “conceives” Christ in his being, in his heart, and becomes a God-bearing man. This monk is a ‘mother’ of Christ, because he has Christ in his heart.”

Of course, I stayed on Mount Athos. I also often visited Dionysiou. We held conversations with this holy elder, filled with sweetness, humility, love and obedience. He always comforted us with his appearance and the gentle and comforting words.

A man of unceasing prayer, he received the monastery’s blessing at the end of his life and went into the wilderness to the remote St. James Kathisma, remaining there almost to the end of his life, enjoying the life of a recluse, in silence and prayer.

 

 

 

 

Reference:

https://orthochristian.com/147202.html

Saturday, August 20, 2022

Anecdotes about Saint Joseph the Hesychast.
Hieromonk Ephraim, St. Nilus Skete, Alaska.

 

Saint Joseph the hesychast.
(painted by Camille Rahal).
    One night when Fr. Anatolios [i.e., Fr. Arsenios] was still in Jerusalem, he had a dream that a heavenly messenger brought him a letter supposedly from his mother, but it was really from the Panagia. The letter said: "My child, if you want to be saved, come to my garden at the Holy Mountain."

Years would pass before Fr. Arsenios was overshadowed by grace. It took so long because he first had to wipe out the passions stemming from his bad habits. Then one night after eight years, Fr. Arsenios fell at Geronda's feet with tears saying, "Oh, Geronda! What was that that you gave me tonight through your prayers? I was filled with light, inside and outside. Christ came and smiled at me." Geronda also wept for joy hearing this and said, "Yes, that is it, Arsenios."

Saturday, August 6, 2022

l'humilité de Dieu.
Saint Sophrony l’Athonite.

Christ, par Saint Sophrony. Chapel de Saint Silouan.
Monastère Saint Jean-Baptiste. Essex.

          Contempler la sainteté et l'humilité de Dieu frappe l'âme. Avec une grande dévotion et avec amour, elle se prosterne intérieurement devant Lui. Une pareille prière se transforme parfois en vision de la Lumière incréée.

      Pour que nous reconnaissions les dons qui procèdent de Lui, Dieu nous abandonne pour un temps après nous avoir visités. L'abandon de Dieu produit une impression étrange. Dans ma jeunesse, j'étais peintre - je crains que, jusqu'à présent, le peintre ne soit pas tout à fait mort en moi. Ce don naturel était présent en moi. Je pouvais être épuisé, ne plus avoir de forces pour travailler, ne pas être inspiré, je savais cependant que ce don faisait partie de ma nature. En revanche, lorsque Dieu se retire, nous ressentons un certain effondrement dans notre être même; l’âme ne sait pas si celui qui est parti reviendra un jour.

Saturday, July 30, 2022

“Be of good cheer”.
Saint Sophrony the Athonite.

 

Christ with Elijah and Moses, upper part of the Transfiguration, murals in oil paint on gypsum plaster by Saint Sophrony and members of his community.  Monastery of St John the Baptist, east wall, mid 1980s.[44]  Image: ©The Stavropegic Monastery of Saint John the Baptist, Essex.


        The Jewish people looked for the coming of the Messiah who when he was come would tell them ‘all things’ (John 4.25). Come and live among us, that we may know Thee, was the constant cry of the ancient Hebrews. Hence the name ‘Emmanuel being interpreted is, God with us’ (Is. 7.14; Matt. 1.23).

So for us Christians the focal point of the universe and the ultimate meaning of the entire history of the world is the coming of Jesus Christ, Who did not repudiate the archetypes of the Old Testament but vindicated them, unfolding to us their real significance and bringing new dimensions to all things — infinite, eternal dimensions. Christ’s new covenant announces the beginning of a fresh period in the history of mankind. Now the Divine sphere was reflected in the searchless grandeur of the love and humility of God, our Father. With the coming of Christ all was changed: the new revelation affected the destiny of the whole created world.

Saturday, July 9, 2022

“Lovest thou me.?!.”
Saint Sophrony the Athonite.

The Old Rectory

 20th September 1977

 

 


      


         
Saint Sophrony the Athonite.
You say that you are getting old. So what can I say? I am 81 ! Incredible, but still a fact. In no way can I understand this strange situation. So many times I have been really seri­ously ill. So ill that those around me never supposed that I would recover and get up. So many times I was in danger in the mountains, in the desert, on journeys, in stormy weather at sea, and also from many tribulations and spiritual wounds, which perhaps no one can escape in our time. And what a wonder! I pray that you too will remain longer among the liv­ing. 'Old age is no joy', they used to say at one time, but still it can be a period of exceptional importance. On the one hand, it can make possible many deep experiences, and on the other, it can be a preparation, full of both fear and exultation, for our departure from here: from temporal things to things im­mutable and eternal.

Saturday, May 21, 2022

True Christian “poverty”.
Saint Sophrony the Athonite.

 

Saint Sophrony the Athonite.

       Experience shows every man that in order to arrive at pure prayer it is essential to free the mind from burdensome preoccupation with material possessions.

At first one argues: 'How can I liberate myself com­pletely from things? Through my body I am a material thing myself, and the life of this body of mine is inevitably bound up with the material. So does it mean that I must let myself die?' ... No, it is not like that. Wise ascetic effort consists in reducing to a minimum the material needs without the sat­isfaction of which it would be impossible to keep alive. But the measure of these needs differs in every case."?

Contemporary man has not been able to organize his life in such a way as to allow himself sufficient leisure - free time - for prayer and the contemplation of Divine Being. The reason for this is covetousness, that passion which St. Paul called 'idolatry' and St. John Climacus 'the daughter of unbelief ... blasphemy against the Gospel, a turning aside from God' .

Saturday, May 14, 2022

Son visage reflétait la Lumière...
Souvenirs sur Saint Sophrony.(A-É Tachiaos)*

Saint Sophrony l'Athonite.

     Peu après mon arrivée à Paris, je fis la connaissance d'un Français orthodoxe, alors hiérodiacre, le Père Pierre (L'Huillier), qui par la suite allait devenir archevêque de New-York de l'Église orthodoxe en Amérique.

Le Père Pierre s'était rendu de nombreuses fois en Grèce et parlait assez bien le grec. Étant donné qu'il était très disposé envers mon pays, nous nous sommes rapprochés: en peu de temps, une solide relation spirituelle s'est établie entre nous [ ... ]. Il relevait de la juridiction du Patriarcat de Moscou, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir de bonnes relations avec l'Institut [de théologie orthodoxe] Saint-Serge. De sorte qu'il y venait régulièrement, que nous nous y rencontrions constamment et discutions de différents sujets intéressants.

Un jour, il me demanda si je connaissais le Père Sophrony (Sakharov). Je ne saisis pas immédiatement de qui il parlait, mais quand il m'expliqua que c'était un hiéromoine russe qui avait longtemps vécu sur la Sainte Montagne et résidait maintenant près de Paris, je compris de qui il s'agissait. Je répondis que, sur l'Athos, j'avais beaucoup entendu parler du Père Sophrony, mais que je n'avais pas eu la chance de faire sa connaissance, parce qu'il avait quitté le Mont Athos avant que je ne m'y rende pour la première fois. « Dans ce cas, me dit le Père Pierre, je vais veiller à ce que tu le rencontres, car tu dois absolument le connaître». Je lui répondis que je le souhaitais vivement. Et c'est ainsi qu'un beau jour, nous nous rencontrâmes à la gare ferroviaire, prîmes le train et nous rendîmes à Sainte-Geneviève-des-Bois, l'une de belles banlieues de Paris.

Descendus du train, nous poursuivîmes à pied, jusqu'à arriver à un endroit où s'élevait un donjon médiéval, auquel était rattachée une autre construction médiévale. C'est là que vivait le Père Sophrony avec sa communauté.

Je devinai que le starets avait choisi un endroit qui lui rappellerait la Sainte Montagne: un refuge médiéval à l'écart des habitations, avec un donjon entouré de broussailles sauvages.

Nous nous approchâmes de ces constructions, qui bien que n'étant pas particulièrement grandes, portaient les traces du temps; le sentiment d'abandon éprouvé ici était renforcé par l'aspect général des bâtiments, qui étaient vétustes et délabrés",

J' étais mû par la curiosité de savoir qui vivait dans ces constructions médiévales, face auxquelles on éprouvait la sensation d'avoir été transporté dans une autre réalité, dans un monde datant de plusieurs siècles.

Nous frappâmes à la porte, et un moine d'une trentaine d'années, avec une grande barbe, nous ouvrit, nous salua joyeusement et nous invita à entrer. C'était le Père Jérôme5, qui était d'origine russe, mais était né à Athènes. Apparut un autre moine, grand, avec une petite barbiche sur le menton et un visage indubitablement asiatique. Il était plus âgé que le Père Jérôme, et on l'appelait Silouane,  nom que le Père Sophrony lui avait donné en mémoire de son starets [saint] Silouane l'Athonite. Ce moine nous conduisit dans une grande pièce, où se trouvait le Père Sophrony.

“Le dongon” de Saint Sophrony. Monastère
Saint Jean-Baptist. Essex. Angleterre.

Le starets, qui était de taille moyenne, ne se distinguait exterieurement par aucune particularité, mais avait un regard clair et tranquille et des manières aristocratiques. Il nous parla en français. Après que le Père Pierre m'eut présenté au starets, celui-ci nous proposa de nous asseoir dans cette modeste pièce. Nous nous assîmes et un silence se fit durant quelques instants. Puis le starets me regarda avec son regard clair et me demanda d'où je venais. Je répondis que j'étais de Thessalonique. Sa question suivante, - dans laquelle on percevait une impatience à peine réfrénée -, fut de savoir si j'avais déjà visité la Sainte Montagne.

Ma réponse, à savoir que j'y avais été à de nombreuses reprises, que je connaissais personnellement de nombreux Pères athonites et qu'avant de venir à Paris, j'étais allé demander la bénédiction de l'Athos, suscita chez le starets encore plus de fébrilité. « Avec quel monastère entretenez-vous le plus de relations?», me demanda-t-il. Je répondis que j'étais particulièrement lié à Dionysiou, mais que je me rendais également fréquemment dans les monastères de Saint-Paul, d'Iviron et de Saint ­Pantéléimon.

Mes réponses suscitèrent en lui un désir accru d'apprendre tout ce qui concernait la vie contemporaine de la Sainte Montagne. Il m'interrogea de maniere particulièrement détaillée à propos de l'higoumène du monastère de Dionysiou, le Père Gabriel", qui en raison de sa haute vie spirituelle était une figure assez respectée sur le Mont-Athos.

Sans discontinuer, le Père Sophrony me demandait des nouvelles de différents pères athonites qu'il connaissait bien et respectait profondément. Il m'écoutait très attentivement, et ses yeux reflétaient la nostalgie, celée en son âme, de ce saint lieu.

Dans sa conversation avec moi, il se souvint des années qu'il avait passées au monastère de Saint-Pantéléimon aux côtés du starets Silouane, et par la suite au désert non loin de Nea Skiti, à côté du monastère de Saint-Paul, dont il était le confesseur communautaire. Il évoqua le Père Gérasime (Ménagias)", un moine remarquable de ce dernier monastère, autrefois savant-chimiste en [Suisse], et avec lequel il avait des conversations spirituelles inoubliables.

Le souvenir de l'Athos emplit l'âme du starets d'une nostalgie spirituelle pour un monde, dont, selon lui, il ne pourrait plus trouver d'équivalent dans sa vie.

Parmi les raisons qui l'avaient obligé à quitter la Sainte Montagne, il y avait son désir de publier un livre sur son starets, [saint] Silouane, et de le transmettre au monde occidental, autrement dit, de faire largement connaitre la spiritualité et la sainteté de ce grand homme. À l'époque où j'ai rencontré le Père Sophrony, ce travail était diffusé sous la forme d'une grossière édition ronéotypée. C'était la première édition, réalisée à la hâte, la première approche de cette description expérimentée de la spiritualité qui, par la suite, est devenue accessible à des millions de lecteurs (quand le livre est sorti en milliers d'exemplaires).

Ce livre constituait un regard nouveau et frais sur la tradition spirituelle orthodoxe, découvrant toute sa richesse inépuisable et infinie. Avant ma rencontre avec le père Sophrony, je ne connaissais pas son livre, parce qu'il n'était pas encore vendu dans les librairies, et était diffusé seulement en petite quantité d'exemplaires, de la main à la main. Mais lors de notre visite au [père Sophrony], je l'ai entendu pour la première fois parler de son propre starets, et affirmer que le but de sa vie était de faire connaître la spiritualité de [saint] Silouane au monde moderne.


Pendant que nous nous trouvions avec le starets, je le regardai avec enthousiasme et gratitude, parce que le parfum spirituel qui émanait de lui me transportait dans l'atmosphère bien-aimée de la Sainte Montagne et ravivait dans ma mémoire les images des révérends Pères que j'y connaissais.

Le starets Sophrony était un véritable athonite, au même titre que l'évêque Cassien et le Père Basile (Krivochéine).

La sainte Montagne crée un type particulier de spiritualité monastique, parce qu'elle constitue une communauté séculaire avec ses propres règles spirituelles. Ces règles existent et fonctionnent sous une forme qui fut façonnée par une expérience ascétique de nombreux siècles, qui s'enracine dans les préceptes des pères-anachorètes et est attestée par les exploits de ceux-ci, couronnés par la prière du cœur. L'invocation du Nom divin de Jésus, opérée par les moines sur la Sainte Montagne, remplit ce lieu de Sa félicité divine, chasse des démons et unit toute la fraternité athonite en une communauté spirituelle de priants. C'est de cette communauté que provenait le starets Sophrony, qui jusqu'à la fin de la vie resta un athonite et transmit l'esprit de ce saint lieu à sa propre communauté.

Saint Sophrony célébrant la Divine Liturgie.

À côté de lui, j'avais la sensation de n'être jamais parti du Mont-Athos. Nous évoquions les moines, les monastères, les événements de l'histoire moderne de la Sainte Montagne, les détails de la vie athonite. Le starets en parlait avec une nostalgie évidente, relatait ce qu'il avait éprouvé et qui constituait sa propre vie. Le donjon dans lequel vivaient le starets avec le Père Silouane et le Père Jérôme me rappelait le traditionnel kellion athonitet! avec son ancien (geronda) et ses disciples.

Nous rendîmes visite une seconde fois au starets Sophrony le 17 juin 1955. Nous revécûmes les mêmes moments spirituels que la fois précédente. Je ressentis à nouveau ce que j'éprouvais souvent sur la Sainte Montagne, quand je parlais avec de vieux moines, à savoir que de leur personne émanait une certaine force spirituelle et se transmettait une sensation de sainteté : tu te sentais comme si tu communiquais avec un bienheureux et que sa sainteté, pour ainsi dire, t'enveloppait.

Malheureusement, nous considérions alors que la présence de saints à côté de nous était une réalité de l'existence qui allait de soi. Ce n'est que plus tard, quand ces saints eurent quitté cette vie, que nous nous rendîmes compte combien nous étions loin d'avoir compris quel don Dieu nous avait envoyés. Nous avons alors ressenti leur absence, ainsi que le vide qui était apparu autour de nous.

C'était la même chose avec le Père Sophrony.

Nous causions avec cet homme bienheureux et pensions qu'il n'y avait rien d'extraordinaire au fait que de tels saints se trouvent à côté de nous. Plus tard, nous avons compris quel trésor spirituel nous avons perdu.

Et voici qu'une nouvelle fois, le temps était venu de demander au starets sa bénédiction et de partir. Nous étions déjà à la porte quand le starets nous dit : « Attendez une minute», et disparut dans une pièce voisine. Quelques instants plus tard, il revint en tenant à la main un livre très petit et très ancien mais très beau, avec une couverture rouge et un estampage en or. Le starets se tourna vers moi et me donna le livre en disant: « Prenez le en mémoire de moi». C'était un Tétra-Évangile grec imprimé dans la ville de Ioannina en 1805 par [les ateliers de] l'imprimeur grec renommé Nicolas Glykys. Je fus très touché. Ayant embrassé la main du starets, je pris le cadeau précieux, que je garde chez moi jusqu'à aujourd'hui en tant que bénédiction du starets Sophrony.

Je rencontrai pour la dernière fois le starets Sophrony non dans son donjon, mais en un autre lieu. C'était durant la Semaine pascale de 1956. Le Père Pierre me téléphona et me dit que le Père Sophrony allait célébrer la Divine liturgie dans la chapelle du cimetière russe à Sainte-Geneviève­des-Bois, et qu'il allait se rendre à cette célébration. Il me demanda si je voulais l'accompagner. Je répondis que ce serait avec une grande joie.

Vers le début de la Divine liturgie, nous étions déjà sur place. Dans l'église, il y avait quelques paroissiens très âgés. Le starets Sophrony célébrait seul. Il était littéralement hors du temps et de l'espace. Son visage reflétait la lumière et le rayonnement spirituel, qui me rappelait la lumière évoquée dans la Vita de saint Serge de Radonège, quand les disciples de celui-ci, Isaac et Simon, s'étonnèrent d'avoir vu pendant la Liturgie le saint dans le rayonnement de la lumière divine. Le starets Sophrony éprouvait un tel état ou quelque chose de semblable, comme l'indiquait son immersion complète dans l'atmosphère spirituelle de la Divine liturgie, durant laquelle les Chérubins et les Séraphins concélèbrent invisiblement avec le prêtre.

Il semblait qu'il avait totalement quitté la réalité terrestre et vivait déjà dans la réalité véritable et céleste. La Divine liturgie s'acheva, et les fidèles commencèrent à s'en aller l'un après l'autre. Nous restâmes seuls avec le Père Pierre. Bientôt, de la porte du nord du sanctuaire sortit le Père Sophrony et s'arrêta devant les Portes royales. Il se signa et s'inclina trois fois, puis resta silencieux un certain temps, en regardant vers le haut. Un silence tranquille et équilibré s'était installé dans l'église. Puis le Père Sophrony s'approcha de nous et d'une voix basse, à peine audible, proféra : « Ah, si cette Divine liturgie pouvait ne jamais s'achever ... ».

Nous sortîmes de l'église, pleins d'un attendrissement qui nous avait envahis à la suite de la célébration par le starets, et de ses paroles. Je ne l'ai plus jamais rencontré en personne, mais cela ne signifie pas qu'il soit sorti de ma vie. Ses écrits forment un témoignage constant de sa présence spirituelle dans mon cœur. Les vifs souvenirs que j'en avais m'ont toujours soutenu lors des moments de tristesse. En 1987, je lui ai envoyé mon livre, dans lequel j'avais publié les œuvres autobiographiques du starets Païsius Velitchkovsky", Le Père Sophrony me répondit en m'adressant son propre livre remarquable Voir Dieu tel qu'Il est, avec une inscription dédicatoire: « Au très respecté Professeur Monsieur A.-E. Tachiaos, avec amour et de nombreuses prières. Archim. Sophrony, le 6 janvier 1988 ». Ce livre constitue le prolongement de la tradition ascetique et spirituelle du monachisme athonite russe, sous la forme qui fut brillamment personnifiée au XXe siècle par le starets Silouane et par son disciple également digne, le starets Sophrony. Je crois que les prières dont il a fait mention dans la dédicace de son livre m'accompagnent durant ma vie.

 

 

Référence :

 

Buisson Ardent- Cahiers Saint Silouane l’Athonite. N*25. 2019.



* Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique, Antoine-Émile Tachiaos (1931-2018) fut un spécialiste renommé des relations byzantino-slaves ; son œuvre est consacrée notamment à la spiritualité hésychaste, aux saints Cyrille et Méthode, à saint Païssius Velitchkovsky ainsi qu'aux manuscrits slaves du Mont-Athos. La revue Buisson Ardent. Cahiers Saint Silouane l'Athonite a publié son étude « Silouane et le Mont Athos» (BA n06, 2000, p. 53-66). Il a confié ses souvenirs sur l'Archimandrite Sophrony à l'association savante « International Institute of the Athonite Legacy», dont il était orésident d'honneur.