Saturday, November 27, 2021

Quand la prière personnelle devient universelle.
Saint Sophrony l’Athonite.

 

Icône de Saint Sophrony ornée
 à l'occasion de sa fête dans
la nouvelle Église bâtie à son nom
à “Kato Vathia” en Crète, en 2020.
    Dans les évangiles on trouve une prédiction du Christ - il me semble que c'est aux chapitres 24 de Matthieu et 22 de Luc; il y est beaucoup question de la fin des temps et des terribles afflictions qui frapperaient le monde entier pour de longues années. Le Seigneur dit d'une manière paradoxale: "Lorsque vous entendrez parler de tout cela, relevez vos têtes, ne vous alarmez pas, car cela doit arriver" (cf. Matthieu 24, 6; Luc 21, 9). C'est en effet, dans la création d'hommes sauvés en Dieu par le Saint-Esprit - déifiés - que se trouve tout le sens de l'histoire.

Bien que la guerre se fût terminée, disons, victorieusement pour la France (j'avais été attiré par ma profession en France qui était à ce moment historique le pays occupant la première place dans la sphère de mon art) je ressentis - comment dire? - la nullité des résultats de cette guerre sur le plan éthique; bien au contraire, elle anéantit de nombreuses valeurs et brisa d'innombrables vies humaines. Je dois cependant vous dire que, malgré tout, les malheurs d'alors n'avaient pas une forme aussi profonde que maintenant, que les souffrances et le désespoir étaient à cette époque considérablement moindres et plus facilement supportables que les souffrances actuelles.

Nous sommes nés dans un monde différent

Pourquoi est-ce que je vous parle maintenant de cela? C'est parce qu'à nous, moines de notre époque, se pose la question: comment devons-nous organiser notre vie monastique de telle sorte que nous trouvions le salut en Dieu? Dans le monde tel que je l'observe, le progrès réalisé sur le plan scientifique, depuis l'époque où je suis entré au monastère, est colossal. Par contre, les hommes qui vivaient à l'époque de la première édition de la Philocalie, (1784, N.d.T.), possédaient une patience incomparablement plus grande, un espoir dans le salut incomparablement plus grand que maintenant.

Les conditions de la vie du monde ont changé, si bien que les gens qui se marient et donnent le jour à des enfants, les mettent au monde dans un contexte très différent de celui de jadis: à bien des égards il y a une amélioration, mais, dans une proportion encore plus grande, la procréation d'enfants dans ce monde est devenue un problème bien plus difficile qu'autrefois.

Une ascèse adaptée à nos forces

L'apôtre Paul dit quelque part que les Pères d'autrefois, de l'Ancien Testament, - des géants de l'esprit, des héros de la foi, - n'atteignirent pas les révélations que reçurent les apôtres; et il utilise l'expression: "afin qu'ils ne trouvent pas le salut sans nous" (cf Hébreux Il, 40). Maintenant, ayant eu la possibilité, par la bienveillance de Dieu, de passer par toutes les formes de la vie monastique, je vous dirai que nous ne pouvons pas maintenir les formes de vie de nos pères. Il nous faut nécessairement organiser la vie de telle manière que tout corresponde à nos forces.

Les temps de la Philocalie à l'Athos

De quoi s'agit-il? Depuis l'époque où, comme je vous l'ai déjà dit, après la Première guerre mondiale, je me mis naturellement à penser à la vie du monde dans son ensemble, l'esprit de l'homme appréhende toute l'humanité d'une manière plus réelle qu'auparavant. J'ai encore trouvé à l'Athos les temps de la Philocalie, et, même jusqu'à présent, ils n'ont pas cessé. Plusieurs cas étonnants m'ont procuré une grande joie et une vive reconnaissance envers Dieu, de ce que les hommes aient commencé à penser l'humanité dans sa totalité.

Un moine qui priait pour le monde entier

Je me souviens d'une rencontre remarquable qui s'est gravée pour toujours dans ma vie. C'était tout au début de ma vie monastique, - dans les années vingt-cinq ou vingt-six, me semble­t-il. J'étais allé au bord de la mer et j'y aperçus un vieux moine ayant à la main un long chapelet de trois cents noeuds. Je m'approchai de lui avec la crainte propre aux débutants et m'arrêtai en silence, observant comment il priait: assis sur une grande pierre, il égrenait son chapelet. Je trouvai enfin, mais avec difficulté, le courage de lui dire: "Père, priez pour moi." Je le lui demandais parce que lorsque j'avais quitté la France en mille neuf cent vingt­cinq, l'esprit du désespoir me dominait déjà, dans une forme moins aiguë que plus tard, mais malgré tout il me dominait. Et ainsi, écrasé par ce désespoir, je lui demandai: "Père, priez pour moi." Il me regarda et me dit: "Tu vois ce chapelet? Je le dis pour le monde entier. Je prie pour le monde entier. Et tu es là, dans ma prière." Il est difficile d'expliquer pourquoi nous avons telle ou telle réaction. Toujours est-il que je ne m'éloignai pas à sa première parole. Après un certain temps, poussé par le désespoir de ces jours, je lui dis: "Père, priez pour moi". Il répondit: "Je t'ai déjà dit que je prie pour le monde entier, et tu es ici, dans cette prière". Je restai silencieux pour quelques instants; de nouveau, pour la troisième fois - car mon affliction était profonde - je lui dis timidement: "Père, priez pour moi." Il me regarda avec bonté et me dit: " Mais je t'ai dit que tu es ici - il me montra son chapelet. Que te faut-il de plus? Tu es ici, dans cette prière que je dis pour le monde entier. "Je m'éloignai, impressionné par l'état d'esprit de ce starets:

"Je prie pour le monde entier, tu es aussi là, et ainsi je n'ai pas à me disperser pour des choses particulières." Comme je venais d'arriver à l'Athos, je fus évidemment fort impressionné en rencontrant cette forme de prière. Je me demandais tout le temps comment ce starets appréhendait le monde entier pour lequel il priait: dans le temps? dans l'espace? était-ce toute l'humanité depuis Adam jusqu'à nos jours? Ou bien sa pensée était-elle encore plus profonde et plus englobant? Mais, les premiers jours de ma vie dans l'habit monastique, je n'ai trouvé à l'Athos que cette forme de prière pour le monde entier.

Église de Saint Sophrony
à “Kato Vathia” en Crète.

Nous sommes tous liés les lins aux autres

Durant mes soixante-dix années - ou presque - de vie monastique, il m'est arrivé de vivre bien des moments pénibles, parce que, lorsque nous prions pour quelqu'un, comme nous l'avons déjà souvent dit, la prière nous introduise dans la sphère spirituelle de la personne pour laquelle nous prions.

Mes chers frères et sœurs, je m'efforce tout le temps de fixer votre pensée sur le fait que nous ne sommes pas isolés, coupés des autres. Non, - nous vivons dans un monde où tout est uni, où une chose est liée à l'autre.

Je vous ai maintenant exposé partiellement les conditions de vie qui correspondent à la structure intellectuelle et physique des hommes de notre époque qui viennent à la vie monastique.

Si nous prions pour l'Adam total ...

Récemment, en évoquant des événements qui pèsent lourdement sur nos épaules, j'ai suggéré à la personne avec qui je parlais, de prier ainsi: "Seigneur, protège-nous. Tu vois notre incapacité de résister à ces vagues de souffrances cosmiques. "Il est en effet pleinement légitime de penser que l'enfer est produit par l'absence d'amour chez les hommes. Les hommes ne vivent pas par l'amour, mais par la haine. Je lui ai ensuite précisé ma pensée:

"Lorsque vous priez pour vous-même, pour le monastère, pour les frères, priez jusqu'à cette limite: "Seigneur, protège-nous; donne ­nous un petit coin sur terre où nous puissions célébrer la Liturgie pour Toi, T'offrir une prière dans la forme de Gethsémani". Priez seulement jusqu'à ce point: "Protège-nous", parce que nous ne pouvons pas souhaiter quelque chose de mauvais à qui que ce soit". Et quelle fut sa réponse? "Mais évidemment! Si nous nous efforçons de prier ici pour l'Adam total, pour toute l'humanité, comment pourrions-nous simultanément souhaiter du mal à qui que ce soit, même à ceux qui nous causent une affliction mortelle?"

Voyez comme cela se répand: d'abord ce starets qui m'avait Sainte Montagne, à l'Athos ... Aux jours où je suis arrivé à l'Athos, il s'y trouvait très peu d'hommes instruits. C'est avec difficulté que certains pouvaient lire et écrire quand ils arrivaient à l'Athos, mais ensuite ils se développaient en lisant les saints Pères. Etant peu au courant des affaires du monde, ils priaient cependant pour le monde entier. Ce starets qui ne voulait pas interrompre sa prière pour satisfaire à la demande d'un novice... dans quelle sphère spirituelle demeurait-il? Et dans quelle sphère demeure l'homme intellectuellement développé d'aujourd'hui? Si nous comparons leurs niveaux spirituels, lequel des deux sera reconnu comme supérieur? .

Ces moines vivaient moins par les événements de ce monde, ils vivaient sans être au courant des progrès de la science, de la technique et ainsi  de suite, mais leur esprit demeurait dans l'éternité. Leur prière avait pour objet le salut éternel. Mais lorsque notre esprit, l'esprit des intellectuels actuels, ne peut pas demeurer dans l'éternel, même pour quelques brefs instants, il serait intéressant de savoir qui vit dans un monde plus élevé ...

Quand la prière personnelle devient universelle

Est-ce que je m'exprime correctement en disant qu'il y a un état de l'esprit humain dans lequel on vit l'Adam total d'une manière naturelle en invoquant constamment le Nom de Dieu:

"Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur"? A une telle prière personnelle que s'unit alors une prière de portée universelle, comme nous le voyons dans le cas de Séraphin de Sarov. Nous vivons maintenant dans un monde incomparablement plus riche sur le plan de la technique et sur celui de l'instruction. Mais cette forme de vie est-elle vraiment supérieure? Si nous voulions faire des comparaisons, nous devrions reconnaître que, tout compte fait, les Pères anciens étaient supérieurs à nous, non seulement dans le domaine de la prière mentale, mais encore par l'état d'esprit dans lequel ils se trouvaient. Mais si, en faisant l'expérience du Nom du Christ, nous sommes introduits dans ce monde qui souffre, c'est aussi une grande œuvre.!..

 

 

 

Référence :

Paroles à la communauté. Archimandrite Sophrony Sacharov. Novembre 1993. N*15.

Saturday, November 20, 2021

The Prophetic Ministry of the Word of God in Saint Sophrony.
Archimandrite Zacharia Zacharou.

        

Saint Sophrony painting
 the Icon of the Savior. 
        Christ is the miracle that astounds us. He is the sign of God for all generations until the end of times, for in His Person every impasse has found its solution. During His earthly life, ‘He lived the tragedy of the whole mankind, and yet tragedy found no place in Him.’ On the contrary, before His utter humiliation, He granted peace to His disciples.

        In the Person of Christ was revealed the inapproachable and eternal God, but also the true man, as God had conceived him before the foundation of the world in the bosom of the Holy Trinity in His wondrous and pre-eternal Council. In His Person all things were fulfilled, for He is ‘the way, the truth and the life’.

        By extension, as imitations of Christ, all the Saints can also be said to be the signs of God for their generation, who give a solution ‘not of this world’ to the problems it is confronted with, be they philosophical, psychological or theological. They live in a natural way ‘the tragedy of mankind, and at the same time the peace of Christ’.

         ‘A man shall approach and the heart is deep.’ It is difficult to speak about the Saints, because the man who still lives in the confines of the visible world cannot even imagine the depths of the heart of a holy Christian, the pain of his repentance and love, the infinite expanse that his prayer traverses like lightning, the freedom of his spirit.

        Saint Sophrony’s earthly life lasted almost one century, but his spiritual life is unfathomable. As he himself writes about his attempt to depict the figure of his own Elder, Saint Silouan: ‘Anyone who has ever given himself over with a pure heart to contemplation of his inner self knows how impossible it is to detect the spiritual processes of the heart, because in its profundity the heart touches upon that state of being where there are no processes. But now in writing this profile I find myself faced with just such a task – portraying the evolution of a great ascetic striver.’

        Likewise, we cannot speak about Saint Sophrony without diminishing his greatness. Yet, by the command of the Spirit and against his own desire to live in such a way as not ‘to be seen of men’, he did leave us his writings. And the best way to know the spiritual portrait of this holy man is to read his books. Every paragraph is the fruit of his prayer and the Elder is fully present in his words.

        Saint Sophrony received the great blessing to rejoice in the vision of the uncreated Light when he was but an infant, yet from the first years of his youth he also felt very acutely the absurdity and vanity of temporary life. His intellectual erring on the alien paths of transcendental meditation was interrupted by the saving Sinaitic revelation that God brought before his eyes: ‘I AM THAT I AM.’ In his repentance he ‘would pray like one demented, weeping copious tears, afflicted to his very bones.’ The cry of his prayer reached back ‘to the source of the world’s tragedy’.

        Elder Sophrony ‘ardently loved Jesus Christ, God our Creator and Saviour’, and, ‘without fail’, according to his own words, he experienced ‘two states of being that would seem to be diametrically opposed: descent into hell (of repentance and love) and ascent into heaven’.

        Until the end of his life, he spoke with infinite gratitude about his Father in God Saint Silouan, whom he called ‘the most important event of his life’, the greatest blessing, and he attributed every gift from on high to his prayers. He considered that the purpose of his life and his greatest task was to minister unto the word of his Elder.

        Saint Sophrony lived among us with great simplicity. He was warm and loving, but you could not forget for one instant the Christ-like otherness of his soul. He had a different mind, different feelings, different thoughts. Every contact with him was an opening of life. When he opened his mouth it was as if he snatched the word from God and brought it down to earth. Rather, he was incarnating the word of God in his own life. As he himself confesses: ‘His words, like fire, were imparted to my mind and heart, and I learned to see things from His perspective, because His word became my life.’

        Certainly, when we say that the Elder was a man of the word of God, we do not mean that he spoke about the word of God, but that he was a bearer of the quickening power of the personal God. The divine word resounded like a harp in his heart whether he was awake or asleep. In other words, he was the bearer of the word which is born in the heart through prayer and which regenerates man when it visits him, whilst when he imparts it to the others, it informs them with grace.It transforms and renews them, showing unto them the ways of salvation.      

Saint Sophrony with the brotherhood
of Essex.Father Zacharia
the first from left.

        We often witnessed miracles in his presence, sometimes amazing ones. However, he would never seek for them, neither would he pay much heed to them. He would pray for the ill, because he had compassion on people and desired their pain to ease, but his prayer had as its main target the heart of his neighbour. He knew that the greatest miracle in all the created world is the union of man’s heart with the Spirit of God. For this reason, he was consumed by the desire to minister this union of the temporary and earthly existence of man with the Light of the eternity of God.

        He emphasised the importance of calling upon the Name of the Lord Jesus so that the impasse of human tragedy may be overcome and that man may be born in the eternal Kingdom. He says about himself: ‘When the pain of the heart reaches the limits of physical endurance, the invocation of the Name of Jesus Christ brings the peace that keeps man alive.’ He ‘tormented’ with fiery prayer everything he did or said.

        He also gave the greatest importance to the Divine Liturgy, whose celebration enraptured and inspired him. He said that in our times, when it is no longer possible to find favourable conditions for hesychastic life, if we celebrate the Divine Liturgy with attention, fear and the appropriate preparation, it brings the same results at the level of the spirit, the same sanctification as the prayer of the heart. For this reason he was mindful to impart to his monks and to all those who asked for his help, his love for the Divine Sacrament and the knowledge of a deeper approach to it.

        Just as Moses desired to see the whole people of God prophesy, so also Saint Sophrony longed to impart to those around him the breath of the Holy Spirit, the inspiration of an artist. He even said that the Christian must be an artist in his spiritual life. As the artists are possessed by the object of their art and strive to find the perfect expression for their inspiration, so the Christian should be possessed by Christ and strive to refine his relationship with Him, running ‘that he may apprehend that for which also he is apprehended.’

        For some, the neighbour becomes a hindrance, for others even hell, whilst for our holy Fathers Silouan and Sophrony, the brother was their life. God enlarged their heart to embrace heaven and earth, just as Christ spread His holy hands on the Cross to embrace all people.

        As a conclusion, we will quote the words of the Saint:

        ‘A single saint is an extraordinarily precious phenomenon for all mankind. By the mere fact of their existence – unknown, maybe, to the world but known to God – the saints draw down on the world, on all humanity, a great benediction from God… Thanks to these saints – whom the world does not know of – the course of historical, even of cosmic events, is changed. So then, every saint is a phenomenon of cosmic character, whose significance passes beyond the bounds of earthly history into the sphere of eternity. The saints are the salt of the earth, its raison d’etre. They are the fruit that preserve the earth. But when the earth ceases to produce saints, the strength that safeguards it from catastrophe will fail.’

        This is why Elder Sophrony considered as a sign of authentic and holy life the prayer for the whole world, wherein the man of God, enlarged by the grace of the Holy Spirit, brings to God every soul that came into being from the foundation of the world and that will be born until the end of the world.

        Another criterion of genuine and holy life for Saint Sophrony, was love and prayer for enemies. This phenomenon demonstrates the presence of the Holy Spirit, without Whose grace such a virtue cannot exist in this world.

Saint Sophrony gives witness that love for enemies is the token of the presence of the Holy Spirit and of the truth of God, which justifies the ephemeral existence of man and leads him into the unfading life that reigns in the bosom of the Holy Trinity, of the Father and of the Son and of the Holy Spirit.

 

 

 

 

    Reference:

    https://pemptousia.com/2021/07/the-prophetic-ministry-of-the-word-of-god-in-saint-sophrony/


Saturday, November 13, 2021

A Christian perspective.
Saint Sophrony the Athonite.

  

Saint Sophrony the Athonite.
What a misfortune to live in such unstable times. Millions and millions of people suffer all their lives. The whole history of mankind is a nightmare of ceaseless fratricidal wars. And up to this time this humanity remains - forgive the expression - as savage and bloodthirsty, as violent and criminal, as ever. The holy words "the meek [ ... ] shall inherit the earth", will undoubtedly come true at some as yet undefined moment, but thus far it is horror upon horror. This horror has grown in our time, because at each moment all the earth knows about more or less every event, and the events are for the majority gloomy and criminal. But let's hope against all hope that our meeting will take place, now that we are at the end of our sojourn here [on earth]. 

I can tell that your meeting with M. was both joyous and important for all of you. Of course she knew that you are living in poverty, and from that point of view she was not ex­pecting anything. The main thing is the peaceful communion, in love and confidence, between open souls. For our times that is a great thing. As long ago as the thirties Berdyaev was saying that to the degree that the social system is being im­proved, personal communication between people becomes more and more rare, and therefore more precious."Almost everywhere communication takes place on a political footing, or a business footing (for trade, industry, and suchlike), and more rarely on a basis of common spiritual interests, and even more rarely, simply as communion between one person and another.

Saturday, November 6, 2021

Le Cœur.
Mère Mariam Zacca.

 

Mère Mariam Zacca.
        Se repentir, c'est vivre en Dieu, avec Dieu, dans le lieu le plus favorable pour Lui: le cœur. C'est pourquoi Dieu a dit dans l'Ancien Testament à Is­raël, ou plutôt à toute l'humanité: «Mon enfant, donne-moi ton cœur» (Proverbes 23, 26). Ce cœur plein de souillures ... Le prophète Jeremie dit encore: «Le cœur est compliqué, plus que tout, et pervers! qui peut le pénétrer.?!. ». Moi, le Seigneur, je scrute le cœur, je sonde les reins, pour rendre à chacun selon sa conduite, selon le fruit de ses œuvres» (Jérémie 17,9-10). Comment est donc constitué notre cœur et ce qui se trouve en lui? D'abord, ce cœur est créé par Dieu, à l'image de Dieu. Alors, comment connaître ce lieu, comment connaître nos cœurs? Nous avons un cœur qui bat, qui donne le sang à tout le corps, avec lequel nous vivons toute notre vie. On aime avec notre cœur, on hait l'autre avec notre cœur, on parle du cœur, du cœur de l'homme. Depuis l'Ancien Testament, on parle du cœur, et avec le Christ on parle aussi du cœur ... Mais de quel cœur.?!. Quelle sorte de cœur.?!.

Il y a, je crois, deux sortes de cœurs: le cœur de l'ancien Adam, Adam de la chute, et le cœur du nouvel Adam, le Christ. Pour connaître notre nouveau cœur, on doit vraiment suivre, et entendre, et voir les commandements du Christ dans l'Évangile. Ce n'est que par les commandements que l'on peut vraiment réaliser ce cœur en nous et, à la fin, avoir ce cœur et prendre ce cœur de Dieu, notre Christ. Comment savoir? Si on dit cela à quelqu'un, si on parle comme cela aux fidèles, aux chrétiens, ils demandent: «Mais com­ment peut-on savoir?», « Moi, Je vous ai choisis, ce n'est pas vous» (Jean 15,16).

Donc, nous avons ce cœur qui a été appelé par Dieu. Nous n'avons pas un cœur organique seulement, mais nous avons un cœur à la fois organique et appelé par Dieu. Ainsi nous sommes devant le tabernacle de Dieu, le Dieu fort, le Dieu tout-puissant. Nous sommes dans le silence devant Lui. À ce moment-là, on ne crie pas à Dieu: «Aide-nous!» parce qu'on ne sait pas Qui est Dieu. Nous sommes devant la grandeur et la puissance qui a créé le monde et nous-mêmes, et tout ce qui se passe autour de nous et en nous. Mais on ne connaît pas encore Dieu. Il nous a appelés pour être devant Lui. Maintenant, dans cette position-là nous sommes à l'écoute. Et l'écoute descend sur nous, le silence, le silence de l'éternité. Le silence absolu, qui est effrayant pour chacun de nous ... Il attend, et nous, nous attendons aussi. Il crie, Il nous appelle une seconde fois et Il attend. Il attend notre réaction. On doit réagir.

C'est alors que le silence devient un silence positif, un silence qui bouge, un silence qui vibre, un silence qui parle, et on crie: «Parle ô Dieu, Ton serviteur T'écoute!» (Isaïe 3,9).

Et c'est là, que commence la chute, notre chute. La chute de chacun de nous. On commence, on tombe et on recommence. On écoute Dieu et nous Lui disons: «Non! Nous ne voulons pas faire ce que Vous voulez. Nous sommes libres» Et si on connaît bien l'Évangile et l'Ancien Testament, on ose Lui dire: «Vous avez créé cet homme, qui est moi, à Votre image et à Votre ressemblance: donc je suis libre» Et après plusieurs chutes dans la vie de chacun, il arrive un moment où on demande - et cela peut se produire sous plusieurs formes: “Qu'est-ce que vous voulez de moi. Qu'est-ce que vous voulez de moi.!..» Et le dieu de la chair en nous, le dieu des passions, le dieu du moi, de l'égoïsme, nous dit: “ Mais fais ce que je te dis. Tu es libre» Et on commence cette descente, chute après chute, dans notre misère intérieure, dans le péché, et on trouve les abîmes vivants en nous, qui nous mangent et nous laissent sans volonté pour en sortir. C'est cela le péché. C'est ainsi que réagissent et travaillent les impulsions dans le corps biologique, contre Dieu. Et on aime cela. On vit en cela. Chacun de nous. On vit dans nos communautés - non pas monastiques, on ne parle pas maintenant de monachisme -, mais on vit comme cela dans la vie autour de nous. Dans le monde avec tout ce qui se passe, la force, les guerres, les obsessions, l'argent, les gens qui dominent, les gens qui sont pauvres et dominés, les esclaves, les princes, les royaumes ... Et on commence à adorer d'autres dieux. On sort de nous-mêmes pour tomber dans le monde. Or Dieu nous a dit: «Vous n'êtes pas de ce monde» (Jean 15, 19).

 «Parle, car ton serviteur écoute»
(1Samuel3: 10)
        Et Il continue de crier, mais on n'écoute pas! Après cela, Il nous laisse. Dieu nous laisse. II nous laisse dans les abîmes pour nous donner des leçons, pour que, peut-être, nous revenions - oh ! surtout quand on entend, on doit revenir. .. Il nous laisse dans les abîmes, dans nos abîmes, dans le monde, dans ce monde.

Et on crée des idoles. C'est la troisième chute. On crée des idoles dans le monde. On crée l'argent, l'éducation, les institutions, on crée le travail de chaque jour. On doit travailler. On doit faire, on doit continuer, on doit réagir, on doit arranger notre vie, et notre santé, et la vie de chaque jour, et les institutions, et les banques. On achète des maisons et on paye pendant des dizaines d'années ... , et on finit par être cloué, cloué par la vie quotidienne matérielle. Dieu acceptera! II acceptera tout cela ... Il acceptera tout ce que l'on veut parce qu'Il nous a vraiment créés à Son image et libres de Le choisir. II veut qu'on Le choisisse comme réponse à ce qu'Il nous a dit: « Je vous ai choisis. Viens vers moi. Viens, Adam. Sors de là où tu es. Sors de la terre. » Et Il crie. Il crie avec les guerres, Il crie avec la maladie, Il crie avec les problèmes, avec la pauvreté, avec la santé qui est si faible, avec les événements, et Il continue à crier nuit et jour. Il ne fait que crier: « Adam, reviens! Reviens à moi! Je t'aime. » Mais on n'écoute pas parce qu'on a créé d'autres dieux, d'autres idoles, et que jusqu’à maintenant on ne sait pas Qui est Dieu. On ne veut pas de Lui et on ne veut pas se repentir. Le plus grand cri, ce fut celui adressé à Abraham: « Quitte ta terre [ ... ] pour le pays que Je t'indiquerai» (Genèse 12,1).

À la fin du compte, l'être humain sait - après coup - qu'il est faible et il commence à tourner pour travailler, pour trouver, et il ne trouve rien, sauf le néant. Néant après néant; chute après chute; plaisir après plaisir, qui ne donne rien pour le cœur, pour son petit cœur qui cherche ... Mais à la fin Dieu nous arrache avec tout ce qu'Il nous donne; Il nous arrache. Il nous arrache par Son amour qui continue à taper, taper, taper dans le cœur. Il parle. Il ne cesse jamais de parler. Il ne cesse jamais d'aimer. II ne cesse jamais de nous servir, même dans nos passions, pour nous faire venir chez Lui. Et voilà le miracle, le grand miracle est là ! ... Tel est le mystère de l'amour de Dieu: que parfois Il nous sert dans nos passions ... , et étant compatissant, par la patience. Oh ! comme Il est patient avec nous quand nous sommes dans nos chutes.!..

Après cela, Il nous appelle quand nous sommes au fond des abîmes, dans le fin fond des abîmes, dans le noir ténébreux de nos passions et de notre volonté de pécher. Il nous envoie quelqu'un, le Christ, dans l'image de quelqu’un: un frère, une sœur, peut-être un mendiant qui passe dans les rues ... Oui, Il envoie toujours quelqu'un, un bébé, des événements, mais de façon qu'Il puisse travailler pour nous faire rejoindre Son paradis. Toujours Il passe et Il vient quand nous sommes totalement brisés, totalement cassés, totalement faibles. II nous dit: “Viens dans le nouveau tabernacle que Je t'ai construit”, et c'est le cœur… Viens, Je t'aime. » Et on sent cela dans ce quelqu'un, dans cet ange qu'Il nous envoie: la tendresse, la résurrection à travers cet ange qui vient pour nous sauver. Il nous amène alors dans le lieu où Il vit.

 

 

 

 

Référence :

Buisson Ardent. Cahiers Saint-Silouane L’Athonite. L’humilité. Mère Mariam Zacca.(Conférence prononcée à la 12e rencontre de l’Association Saint-Silouane l’Athonite à Viviers(France). Le 22 Octobre 2005.