Saturday, August 28, 2021

A simple prayer.
Saint Sophrony the Athonite.


 

Saint Sophrony the Athonite.
    
I am a little afraid that you tend, like very many people, to understand prayer as standing before the icons and pronouncing formulas which have been established for centuries (morning and evening prayers or psalms and suchlike). Of course, one can get used to this form of prayer from childhood and fulfill it every day. But this is by far not enough,
and this kind of prayer generally does not exhaust the theme of prayer.

Don’t be anxious about your 'inability to concentrate' when you 'stand at prayer'. Above all keep the remembrance of God and peace in your heart. This latter is particularly im­portant for you because your heart is not strong. Watch that you do not overtax the little strength of your body unnecessarily.

In order to find the true path, it is best of all to ask God about this in prayer:

Lord, do Thou Thyself teach me all things ... Give me the joy of knowing Thy will and Thy ways ... Teach me to love Thee truly with all my being, as Thou hast commanded us ... Establish my life according as Thou didst plan for me in Thy Pre-eternal Council?' ... Yea, even for me, for Thou hast forgotten no-one, and Thou didst create no man unto perdition ... I have wasted foolishly the strength Thou gavest me, but now, before the end of my life, do Thou correct all things and Thy­self teach me all things ... that Thy will may indeed be accom­plished in my life, whether I understand it now or not yet... Leave me not to walk along alien paths, which lead to dark­ness ... but before I fall asleep in death, grant me, O Light of the World, unworthy as I am, to see Thy Light.

In such words, pray always about these matters. Some time will pass, and the power of these words will penetrate your inner being, and then life will flow on by itself just as the Lord wishes. Whereas as if we try to discern from outward things, we solve nothing.

All the purpose of our life, then, is that our mind and heart live God; that God becomes our life. That alone is what He seeks. We were created so as to live His life, and what is more, His life in all its unlimitedness. This idea can scare us, when we see our truly pitiful state, but it is so, and we must not lose our belief in this. One of the greatest dangers is to lower or diminish God's idea for mankind. All our suffering, even un­deserved suffering, is known by God. He knows and He suf­fers with us. It is essential to establish personal - almost 'human' - relations with Him ... I hope that you understand me. You understand that by this I mean interior intimate union with God. For every man is called to life in Him, that is, not only in man's highest capacity for contemplation - his spirit - but in his feelings - his soul, and even his body.

Here is another prayer:

Lord Jesus Christ, Only-Begotten Son of Thine Unorigi­nate Father, open the eyes of my darkened soul, that I may knowingly behold Thee, my Creator and God.

I pray Thee: cast me not away from Thy Face, but disre­garding all my vileness, all my baseness, reveal Thy light to me, O Light of the World, and grant me to know Thy love to­wards mankind.

O Sweetest Christ, Who didst send down from the Father upon Thy disciples and Apostles the Holy Spirit, send down, o Thou who art Good, the Same also upon us who are unwor­thy, and thus teach us Thy knowledge, and open unto us the paths of Thy salvation.

O God, my God, shine upon me Thy true Light, that in Thy Light I also may behold Thy Glory, as of the Only-Be­gotten of the Father, and that within me Thine incomprehen­sible likeness may be formed, after which Thou didst create man.

O God, my Saviour, the Light of my Heart and the Strength of my Soul, may Thy goodness abide in me. May I also remain without ceasing in Thee, ever bearing within me Thy Holy Spirit, that He may grant me to be like unto Thee, my only Lord, as all Thy saints were like unto Thee through­out the ages.

Yea, Lord Jesus Christ, according to Thine unfailing promise, come and make Thine abode in me, together with the Father and the Holy Spirit." { ...}

 

 

 

 

 

Reference:

Letters to his family. Archimandrite Sophrony (Sakharov). (2015)

 

 



Saturday, August 21, 2021

Heavens and modern man.
Saint Sophrony the Athonite.


Saint Sophrony the Athonite.
 Dear Shura,

Peace be with you!

How are you? Do you have enough strength to follow events, or rather, to keep up with them? I remember, so very long ago, when I was still a schoolboy, and I was at home reading Turgenev's novel 'Rudin'. I was straight away ab­sorbed by its content. Papa was sitting in the same room read­ing the newspaper. I asked him naively, 'Papa, how can you find it interesting to read newspapers? There are so many wonderful books.'

His answer: 'And what are you reading just now?'

'Turgenev. '

'Do you like to read books about history too?'

Remembering that such books were for me at that time text-books, which I had to know so as to pass exams, I replied: 'Not much.'

'But I personally do like history' , answered Papa.

So then I said to him, 'But look, you are reading a news­paper, not history. It is different, after all.'

Saturday, August 14, 2021

Notre joie et notre espérance.!!.
Saint Silouane l’Athonite.

 

La Dormition de La Toute Sainte
Mère de Dieu.

        Lorsque l’âme est toute pénétrée par l’amour de Dieu, oh ! comme tout est bon alors, comme tout est rempli de douceur et de joie ! Mais, même alors, on n’échappe pas aux afflictions, et plus grand est l’amour, plus grandes sont les afflictions. La Mère de Dieu n’a jamais péché, même par une seule pensée, et elle n’a jamais perdu la grâce, mais, elle aussi, eut à endurer de grandes afflictions. Quand elle se tenait au pied de la Croix, sa peine était vaste comme l’océan. Les douleurs de son âme étaient incomparablement plus grandes que celles d’Adam lorsqu’il fut chassé du Paradis, parce que son amour était, lui aussi, incomparablement plus grand que celui d’Adam. Et si elle resta en vie, c’est uniquement parce que la force du Seigneur la soutenait, car le Seigneur voulait qu’elle voie sa Résurrection, et qu’après son Ascension elle reste sur terre pour consoler et réjouir les Apôtres et le nouveau peuple chrétien.

        Nous ne parvenons pas à la plénitude de l’amour de la Mère de Dieu, et c’est pourquoi nous ne pouvons pas non plus pleinement comprendre sa douleur. Son amour était parfait. Elle aimait immensément son Dieu et son Fils, mais elle aimait aussi d’un grand amour les hommes. Et que n’a-t-elle pas enduré lorsque ces hommes, qu’elle aimait tant et pour lesquels jusqu’à la fin elle voulait le salut, crucifièrent son Fils bien-aimé ?

        Nous ne pouvons pas le comprendre, car notre amour pour Dieu et pour les hommes est trop faible.

        Comme l’amour de la Mère de Dieu n’a pas de mesure et dépasse notre compréhension, de même sa douleur est immense et impénétrable pour nous.

         Ô Vierge Toute-Pure, Mère de Dieu, dis-nous, à nous tes enfants, comment, lorsque tu vivais sur la terre, tu aimais ton Fils et ton Dieu. Comment ton esprit se réjouissait-il en Dieu, ton Sauveur ?

        Comment regardais-tu son merveilleux Visage, à la pensée qu’il est celui que servent avec crainte et amour toutes les Puissances célestes ?

        Dis-nous, que ressentait ton âme lorsque tu tenais dans tes bras l’Enfant divin ? Comment L’as-tu élevé ? Quelles furent les douleurs de ton âme lorsque avec Joseph tu le cherchas pendant trois jours à Jérusalem ? Quels tourments as-tu endurés lorsque le Seigneur fut livré à la crucifixion et mourut sur la Croix ?

        Dis-nous quelle fut ta joie à la Résurrection, ou quelle langueur remplit ton âme après l’Ascension du Seigneur ?

        Nos âmes désirent connaître ta vie avec le Seigneur sur la terre ; mais toi, tu n’as pas voulu mettre tout cela par écrit, et c’est dans le silence que tu as enveloppé ton secret.

         J’ai vu de nombreux miracles et bien des gestes de tendresse de la part du Seigneur et de la Mère de Dieu, mais je ne puis rien donner en retour pour toute cette bonté.

        Que pourrai-je donner à la Toute-Sainte Souveraine pour la remercier de n’avoir pas éprouvé d’aversion pour moi qui étais enfoncé dans le péché, mais de m’avoir visité et de m’avoir exhorté avec clémence ? Je ne l’ai pas vue, mais le Saint Esprit m’a donné de la reconnaître d’après ses paroles remplies de grâce. Mon esprit se réjouit et mon âme se tourne vers elle avec tant d’amour que la simple invocation de son nom est douce à mon coeur.

        

Saint Silouane l'Athonite.
    Un jour que j’écoutais à l’église la lecture des prophéties d’Isaïe, aux mots : Lavez-vous et vous serez purs (Is 1,16), il me vint la pensée : " Peut-être la Mère de Dieu a-t-elle péché une fois, serait-ce en pensée. " Et, chose étonnante, dans mon cœur, en même temps que la prière, une voix me dit clairement : " La Mère de Dieu n’a jamais péché, même en pensée. " Ainsi, dans mon cœur, l’Esprit Saint témoignait de sa pureté. Mais, durant sa vie terrestre, elle gardai, elle aussi, une certaine implénitude et était sujette à des erreurs, mais non à des péchés. On peut le voir dans l’Évangile, lorsque, revenant de Jérusalem, elle ne savait pas où était son Fils et le chercha avec Joseph pendant trois jours (Lc 2, 44-46).

         Mon âme est dans la crainte et dans le tremblement lorsque je songe à la Gloire de la Mère de Dieu. Mon intelligence est insuffisante, mon coeur est pauvre et faible, mais mon âme est dans la joie et désire écrire à son sujet au moins quelques mots. Mon âme craint une telle entreprise, mais l’amour me presse à ne pas cacher ma reconnaissance pour sa miséricorde.

        La Mère de Dieu n’a pas mis par écrit ses pensées, ni son amour pour son Dieu et son Fils, ni les douleurs de son âme au moment de la Crucifixion, car nous n’aurions de toute façon pas pu les comprendre. Son amour pour Dieu est en effet plus fort et plus ardent que l’amour des Séraphins et des Chérubins ; et toutes les Puissances célestes des Anges et des Archanges sont frappées d’étonnement à son sujet.

        Bien que la vie de la Mère de Dieu soit comme voilée par un silence sacré, le Seigneur de notre Église orthodoxe nous a cependant donné de savoir que son amour embrasse le monde entier, que, dans l’Esprit Saint, elle voit tous les peuples de la terre et que, tout comme son Fils, elle a de la compassion pour tous les hommes.

        Oh ! si nous pouvions savoir comme la Toute-Sainte aime ceux qui gardent les commandements du Christ, et comme elle a compassion et souffre pour ceux qui ne se corrigent pas ! J’en ai fait l’expérience moi-même. Je ne mens pas, je parle devant la Face du Dieu que mon âme connaît : en esprit, je connais la Vierge Toute-Pure. Je ne l’ai pas vue, mais le Saint Esprit m’a donné de la connaître ainsi que son amour pour nous. Sans sa miséricorde, il y a longtemps que j’aurais péri ; mais elle voulut me visiter et m’exhorter à ne plus pécher. Elle me dit : " Je n’aime pas voir ce que tu fais. " Ses paroles étaient calmes et douces, mais elles agirent avec force sur mon âme. Plus de quarante ans ont passé depuis, mais mon âme ne peut oublier ces paroles remplies de douceur. Je ne sais pas ce que je donnerai en retour pour son amour envers moi et comment je pourrai remercier la Mère du Seigneur.

        Elle est, en vérité, notre protectrice auprès de Dieu, et son nom suffit pour réjouir l’âme. Mais tout le Ciel et toute la terre se réjouissent de son amour.

        Merveille incompréhensible ! Elle vit aux Cieux et contemple constamment la Gloire de Dieu, nais elle n’oublie cependant pas les pauvres que nous sommes et couvre de sa protection tous les peuples de la terre.

        C’est sa Mère Très-Pure que le Seigneur nous a donnée. Elle est notre joie et notre espérance. Elle est notre mère selon l’esprit, et elle est proche de nous selon la nature, comme être humain ; et toute âme chrétienne s’élance vers elle avec amour.

     

 

 

Référence:

Starets Silouane, Moine du Mont Athos, Éditions Présence, 1973. Archimandrite Sophrony

http://www.pagesorthodoxes.net/mere-de-dieu/md-silouane.htm

Saturday, August 7, 2021

Notre ressemblance au Christ.
Saint Sophrony l’Athonite.

      

Saint Sophrony l'Athonite.
         Lorsque la résistance de l'esprit chrétien à l'esprit de ce monde atteint son apogée, la vie du disciple du Christ ressemble à une crucifixion, fût-ce sur une croix invisible. Cette période est effrayante mais, en même temps, salutaire: par les souffrances intérieures de notre esprit, bien souvent liées à des calamités extérieures, nous triomphons des passions, nous nous libérons de l'emprise du monde et même de la mort. Alors commence notre ressemblance au Christ crucifié.

        Cependant, même arrivés à ce degré supérieur, il nous faut garder l'humilité de l'esprit. L'expérience elle-même le montre : dès que la satisfaction de soi remplace le sentiment de «pauvreté », toute cette échelle des ascensions spirituelles s'effondre et notre maison est laissée déserte (voir Mt 23, 38). Dieu n'est plus avec nous. Et il en sera ainsi tant que notre cœur n'aura pas retrouvé l'humilité et n'aura pas crié vers Lui avec douleur. Grâce aux alternances de ces expériences, l'âme parvient à saisir le mystère des voies du salut. Elle redoute tout ce qui est contraire à l'humilité. Sa prière se purifie. L'intellect et le cœur ne se laissent attirer par rien d'étranger, ne désirent rien si ce n'est Dieu. Dans celui qui prie de tout son être, se répand la force d'une vie nouvelle qui le fait monter au degré suprême ; il commence à connaître un mode d'existence non plus terrestre mais céleste. Notre existence terrestre est conditionnée par le temps et l'espace.

        Mais qu'est-ce donc que le temps.?!. Diverses définitions sont possibles. Le temps est le «lieu» de notre rencontre avec le Créateur. Il est le moyen d'actualisation du dessein de Dieu sur la création: «Mon Père est à l'œuvre jusqu'à présent, et j’œuvre moi aussi» (Jn 5, 17). La création n'est pas encore achevée : «Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous saisissent; celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir des fils de lumière» (Jn 12, 35-36). À chacun de nous est dévolu un certain «temps propre», certes bref mais suffisant pour parvenir au salut. L'idée créatrice de Dieu se réalise dans la création : «Car rien n'est impossible à Dieu» (voir Lc 1, 37). Au Golgotha, le Seigneur dit avant de mourir : «C'est achevé» (Jn 19, 30). Un autre moment viendra où une parole semblable sera de nouveau proférée ; il en est fait mention dans l'Apocalypse: «Alors l'Ange [...] leva la main droite au ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles qu'il n'y aurait plus de temps » (Ap 10, 5-6). Tant que nous serons dans ce «corps de péché», et par conséquent aussi dans ce monde, la lutte ascétique contre «la loi du péché» qui agit dans notre chair ne cessera pas (voir Rm 6, 6 ; 7, 23). Nous voyant incapables de vaincre cette mort par nos propres efforts, nous tombons dans un certain désespoir au sujet de notre salut. Aussi étrange cela soit-il, il nous est indispensable de vivre cet état pénible, de le revivre des centaines de fois, pour qu'il se grave profondément dans notre conscience. Il nous est utile de passer par cette expérience de l'enfer. Lorsque nous portons en nous ce tourment durant des années, voire des décennies, il devient le contenu permanent de notre esprit, une plaie durable sur le «corps» de notre vie.

        Le Christ Lui-même conserva les traces des clous de la crucifixion sur son corps, même après la résurrection : «Jésus vint et se tint au milieu d'eux et Il leur dit: " Paix à vous ! » [...] Il leur montra ses mains, ses pieds et son côté» (Jn 20, 19-20). À partir de l'expérience des tourments de l'enfer, doit naître une prière pour tout le genre humain comme pour soi-même (voir Mt 22, 39).

        Des étroites limites de notre individualité, nous transférons en esprit chacun de nos états à toute l'humanité. De cette manière, chacune de nos expériences devient une révélation de ce qui s'est accompli au cours des siècles dans le genre humain, et notre identification spirituelle avec lui devient une réalité tangible. Le Seigneur nous a révélé le vrai sens du commandement: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même», dans son universalité divine. Auparavant, dans les limites de la loi de Moïse, ce commandement avait un champ d'application restreint et ne visait que le peuple hébreu: «Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Lv 19, 18). Or, le Christ l'a étendu à tous les hommes, pour tous les siècles. «Vous avez entendu qu'il a été dit: " Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. " Eh bien moi je vous dis: aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour vos persécuteurs et pour ceux qui vous maltraitent, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux! » (Mt 5, 43 - 13 45). C'est le Fils unique de notre Père céleste qui nous a donné cette connaissance, dans l'Écriture par son entretien avec le légiste (voir Lc 10, 27 s.) et dans notre propre vie par son Esprit saint. Tout cela, Il l'a accompli lui-même en plénitude, à la perfection, à Gethsémani et au Golgotha. Et nous, quand nous entrons dans l'esprit de ce commandement, nous devenons semblables à Dieu.!!.

 

 

Référence :

La prière expérience de l’éternité. Archimandrite Sophrony Sacharov. 1998.