Saint Paissij Velitchkovsky. |
Dieu créa Adam et l'établit dans
le paradis pour le cultiver et le préserver. Par culture, saint Nil le Sinaïte
entend la prière; par préserver, l'indispensable garde, après la prière, contre
les mauvaises pensées. Le bienheureux Dorothée dit aussi de même, que le
premier homme, établi par Dieu dans le paradis, demeurait dans la prière. Il
ressort de ces témoignages que Dieu, ayant créé l'homme à son image et à sa
ressemblance, l'établit dans un paradis de douceur pour cultiver les jardins de
l'immortalité, c'est-à-dire les pensées divines les plus pures, les plus
élevées et parfaites, comme l'écrit saint Grégoire le Théologien. Cela signifie
qu'il fût prescrit au premier homme, pur d'âme et de cœur, de demeurer dans la
grâce de la prière contemplative, célébrée par la seule intelligence,
c'est-à-dire, dans la plus douce contemplation de Dieu et comme une activité paradisiaque,
de la garder courageusement comme la prunelle de l'œil, afin qu'elle ne quitte
jamais l'âme et le cœur.
Mais cette prière revêt une
gloire incomparablement plus grande lorsque la plus sainte entre tous, plus
vénérable que les chérubins, incomparablement plus glorieuse que les séraphins,
la Très Sainte Vierge Mère de Dieu, qui demeure dans le Saint des Saints, a
atteint, par la prière intérieure, l'extrême hauteur de la vision divine, a été
rendue digne d'être la vaste demeure du Verbe de Dieu que toute la création ne
saurait contenir, ainsi qu'en témoigne l'invincible pilier de l'orthodoxie,
saint Grégoire Palamas, archevêque de Thessalonique, dans son sermon sur la
Présentation au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu. Il dit que la Très Sainte
Vierge, qui demeure dans le Saint des Saints, instruite par la sainte Écriture
de la perdition du genre humain à cause de sa désobéissance, et pénétrée d'une
extrême miséricorde pour lui, fit monter vers Dieu une prière intérieure pour
son plus prompt pardon et salut.
Voici ses propres paroles, dignes
de sagesse angélique: " Lorsque la Servante de Dieu entendit et vit tout
ce qui se passait, pénétrée de miséricorde pour le genre humain, elle chercha
le moyen de le guérir et le remède approprié à une telle maladie. Elle estima
nécessaire de se tourner tout de suite de toute son intelligence vers Dieu,
faisant monter pour nous une prière pour contraindre celui qui ne peut être
contraint et l'attirer vers nous, pour qu'il remette lui-même la condamnation
et que, ayant guéri l'infirme, il se réconcilie la création . Et plus loin: Sans
découvrir dans tout ce qui existe rien qui convienne mieux à l'homme que cette
prière, se hâtant de prier fermement et de son mieux, la Vierge découvre dans
le silence sacré le moyen de conversation le plus nécessaire aux priants. Toute
autre vertu est comme un médicament employé pour une maladie spirituelle et les
mauvaises passions enracinées par faiblesse d'âme. La vision divine est le
fruit d'une âme saine, comme une sorte de perfection finale. C'est pourquoi
l'homme n'est divinisé, ni par les mots, ni par les actions visibles d'une
prévoyante tempérance - car tout cela est terrestre, bas, humain -, mais en
demeurant dans le silence. Par lui, nous renonçons au terrestre, nous nous en
libérons et nous nous élevons vers Dieu; et demeurant sur les hauteurs d'une
existence silencieuse, nous consacrant patiemment, jour et nuit, à la prière et
à l'oraison, d'une certaine façon, nous approchons de l'Être bienheureux et
inaccessible et accédons à lui. Accomplissant ainsi patiemment l'œuvre de la
prière, qui s'élève de façon indicible vers la Lumière, au delà de l'esprit et
du sentiment, nous voyons Dieu en nous comme dans un miroir, Le cœur purifié
par le silence sacré.
Elle ouvrit une voie nouvelle et inexprimable
vers le ciel..."le silence de la pensée"
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Il ressort de ces paroles de
saint Grégoire Palamas, que la Très Sainte Vierge, qui demeure dans le Saint
des Saints, est montée par la prière intérieure à l'extrême hauteur de la
vision divine et devint d'elle-même un exemple d'existence attentive à l'homme
intérieur. Elle y parvint par le renoncement au monde, le silence sacré de
l'esprit, le silence de la pensée pour une incessante prière divine et
l'attention de l'esprit, par la concentration et l'ascension au travers de
l'activité vers la vision divine, afin que, la contemplant, ceux qui renoncent
résolument au monde, s'engagent dans les pénibles tâches intérieures indiquées,
s'efforçant, à la mesure de leurs prières, d'être ses imitateurs. Et qui peut
dignement glorifier la divine prière intérieure, quand celle qui l'accomplit
fut la Mère de Dieu elle même, conduite par l'Esprit Saint!.
Référence :
Le Starets Moldave Paissij Velitchkovsky. Serge
Tchetverikov.(1997)