Saturday, March 24, 2018

…De la Mère de Dieu.
Métropolite Antonios El-Souri.



      Nous sommes incapables de parler du Seigneur Dieu, sans parler de la Vierge Marie. Tout œuvre dans l’Église du Christ est accompli avec la présence de la Vierge. Du moment où la Vierge a accepté que le Fils de Dieu demeure en elle, et prendre corps dans son sein, elle est devenue liée à Lui existentiellement, et elle sera toujours présente avec Lui. Par son amour maternel, elle a embrassé Le Dieu incarné, et par cet amour même, elle embrasse l’univers tout entier.
L’éloge est présenté à Dieu exclusivement, aucun humain ne le déserve. La Vierge Marie est toujours liée à son Fils, ce qui apparaît clairement dans les icônes où elle se trouve toujours représentée avec l’enfant Jésus, dès lors la Vierge Marie et le mystère de l’incarnation se trouvent inséparables, et ce mystère est le sujet principal de L’hymne Acathiste :
“ Un ange, parmi ceux qui se tiennent devant la Gloire du Seigneur, fut envoyé dire à la Mère de Dieu : " Réjouis-toi ”…
C’est le point de départ.
L’Église nous dit à travers cette prière, que ce mystère est lié à chacun de nous : Dieu est devenu homme par la grâce du Saint-Esprit, qui a couvert la Vierge sainte par son ombre, et c’est ainsi qu’elle est devenue les prémices à la nouvelle humanité. Les prémices à cette nouvelle humanité sont la femme que nul être humain ne peut atteindre ce qu’elle a atteint .Dieu demeura en son sein, et y prit chair, tandis qu’en nous Il demeure par la grâce du Saint-Esprit.
L’hymne Acathiste en effet est un office liturgique qui nous fait rappeler toute l’économie Divine jusqu’à L’Incarnation, et ses conséquences sur l’humanité.
Notre louange adressée à la Mère de Dieu, découle de notre étonnement du mystère qui s’est accompli en elle : Comment Dieu, L'illimité, habite-il dans un être humain limité?. C’est inconcevable logiquement, et inexplicable selon notre perception souvent limitée aux dimensions : hauteur, largeur, temps, espace… Marie par ce mystère est entrée dans l’existence qui dépasse toute existence créée. Le Créateur a pris chair en elle, et elle est devenue non seulement plus vaste que les cieux au niveau spatial, mais tout de même au niveau temporel. Elle est entrée dans le mystère de l’existence éternelle divine par expérience de vie.
Selon Saint Simon, le nouveau théologien, Dieu nous donne de goûter l’expérience de Son éternité, en nous unissant à Lui. Marie a été la première à accéder à ce mystère, d’une manière que nul être humain, quoique soit le degré de son union avec Dieu, ne peut atteindre, exactement en raison du mystère de L’incarnation!. Par sa maternité du Fils de Dieu incarné, elle a reçu une grande et unique grâce, de devenir la mère de nous tous.
Au cours du grand carême, nous célébrons l’hymne Acathiste, pour se rappeler
et puiser du courage dans la connaissance du dessein vers lequel nous guide le Seigneur, et la manière par laquelle Il nous embrasse par l’intermédiaire de la Mère de Dieu. La Mère de Dieu est devenue la Mère de l’univers, la Mère de l’homme entier, quand elle est devenue la mère du Dieu incarné.
Dans les vies des moines, nous remarquons la relation très particulière qui les lie à la Mère de Dieu. Le moine quitte le monde, et en particulier sa relation avec sa mère physique, par contre il trouve refuge dans la maternité de la vierge Marie, par laquelle il s’élève vers la paternité de Dieu, qui est le Père et la Mère de l’humanité entière. La maternité de la Vierge Marie procède de la paternité de Dieu, et Dieu lui a accordé ce don quand en elle Il est devenu homme. Tout ce qu’a Marie est un don de Dieu, selon l’expression répétée dans la Divine Liturgie : “ ce qui est à Toi, et qui vient de Toi, nous Te l’offrons”…
Nous sommes invités à méditer le mystère du personnage de la Vierge Marie, à travers le mystère de L’incarnation, qui est à la base de toute l’économie divine et duquel s’écoule le tout… sans l’incarnation pas de résurrection, ni de la Pentecôte, ni de rien…
La méditation de ces deux mystères : le personnage de la Vierge Marie, et celui de l’incarnation, c'est-à-dire le personnage du Seigneur Jésus L’homme-Dieu, et par suite le mystère de la Saint Trinité, nous mène à rendre louange à la Mère de Dieu, et à sonder plus profondément le mystère de la vérité de notre existence, son but, et sa réalisation.
L’incarnation a eu lieu une fois dans le temps, mais ce mystère doit être accompli en nous, et il doit en être ainsi dans chaque Divine Liturgie, et dans chaque prière émanant du cœur. Ce mystère se réalise en nous, c'est-à-dire Dieu est incarné en nous, Il demeure en nous et nous demeurons en Lui.
Le mystère de L’incarnation est le fait que Dieu a demeuré au sein de la Vierge Marie, mais en effet c’est Dieu à l’origine qui l’a fait loger dans Son Sein, sinon elle n’aura pas pu Le contenir dans ses entrailles. C’est le sens ultime de l’acte de couvrir de Son ombre de l’Esprit Saint : “Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de Son ombre.”(Luc1 : 35), cela signifie précisément que la Vierge Marie a demeuré dans le Sein de Dieu, afin de naître de Lui, et pouvoir ensuite Le contenir dans son sein.
Ce mystère est accompli dans la Vierge Marie, et s’accomplit de même dans chacun de nous : Dieu demeure en nous non en personne, mais par Sa grâce!.

Quelle est la différence entre la personne de Dieu et la grâce de Dieu?.


Fresque de l'Annonciation à l'eglise de la Nativité
 de la Mère de Dieu, Douma, Liban.
Pour beaucoup cette différence est  indiscernable. Lorsque nous disons que le Saint-Esprit nous couvre pendant la prière, ce n’est pas l’hypostase du Saint-Esprit qui demeure en nous (c’est le panthéisme des cultes paganistes qui croit que Dieu se trouve dans toute la créature). Par contre, nous croyons que Dieu demeure inévitablement en nous, selon l’explication de Saint Grégoire Palamas de la différence entre L’essence et la grâce divine :
La grâce divine est la présence réelle de Dieu en nous et son union avec nous, selon Sa parole à Adam et Ève : “et les deux deviendront une seule chair” (Marc10 : 8). Nous deviendrons une seule chair avec Dieu par le Christ, mais la demeure du Fils de Dieu dans la Vierge Marie est la demeure de l’hypostase même, tandis qu’en nous L’hypostase demeure par Sa grâce.
Le Fils de Dieu demeura en la Vierge Marie, et elle a donné naissance à Dieu l’incarné. Quand Dieu fut demeuré en elle, Il est devenu elle  et elle est devenue Lui, et quand Dieu demeure en nous Il devient nous et nous devenons Lui mais d’une manière différente selon l’explication de Saint Grégoire. C’est ainsi que la demeure de Dieu dans la Vierge Marie dépasse incomparablement Sa demeure en nous. Cela dépasse toute explication et toute logique, et nous ne possédons pas des termes convenables pour le décrire : Comment Dieu Lui-même demeure en nous?! » Nous, les hommes nous ne pouvons pas comprendre le sens de la conception, comment un être peut demeurer en nous? Comment un être demeure-t-il dans le sein d’une femme?. Dans La Vierge Marie demeurait un être qui est Dieu en personne. Nous comprenons métaphoriquement, que par l’amour, nous demeurons l’un dans l’autre par la grâce divine, qui est la présence réelle de Dieu en nous. Par cette union réelle, s’accomplit une union dans la distinction, et jamais une fusion. Nous devenons un avec Dieu, Sa parole devient notre parole et Sa face notre face.
Le but ultime du grand carême est d’atteindre ce point, de devenir, nous, la demeure de Dieu, et que Dieu devienne notre demeure. Nous luttons pour aboutir à entrer le sein de Dieu, afin d’y sortir des êtres capables de recevoir Sa demeure en nous, et de recevoir de Lui, une grâce.
À la fin de chaque semaine du carême, nous luttons pour vivre ce mystère dans l’office de l’hymne Acathiste, de le contempler. Enfin, à la dernière semaine après avoir répété cet office, arrive Lazare qui à son tour est demeuré dans le tombeau, symbole du sein qui englobe la nouvelle vie, et duquel il est sorti après avoir goutté la résurrection comme anticipation de la vrais résurrection à venir, la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ à laquelle nous allons participer le Dimanche de Pâques.
C’est l’orientation de notre cheminement quadragésimal par lequel nous cherchons à vivre la résurrection à travers une lutte spirituelle, et une contemplation du mystère de l’incarnation présent dans l’office de l’hymne Acathiste adressé à la Mère de Dieu.

Le Métropolite Antonios El-Souri: né à Mina Tripoli, le 20 Juin 1970. Membre actif pour des années dans le mouvement de la Jeunesse Orthodoxe. Higoumène du monastère Notre-Dame de Bkeftine  dès 2012 jusqu’à son élection en tant que Métropolite de Zahlé et ses dépendances l’an 2015. 


Traduction effectuée par la famille de la Sainte Trinité, Douma, Liban.