Père Boris
Bobrinskoy.
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Il est clair que dans le cadre de
l'anthropologie de la Bible et de l'Église, la prière et la vie intérieure
engagent l'homme tout entier. Les psaumes offrent des exemples saisissants du
rôle du corps dans la prière: “Mon âme a soif de toi, mon Dieu;
après toi languit ma chair, Comme une terre sèche, altérée, sans eau.” La chair
a part à cette soif, à cette recherche de Dieu. Lorsque Dieu rencontre l'homme
et le pénètre, il le pénètre dans sa totalité, le transfigure dans son âme et
dans son corps.
Dans une telle perspective,
l'origine de la vie spirituelle ne sera plus l'Intellect, l'intelligence de
l'homme ne sera plus considérée comme le lieu de la connaissance et de l'union
avec Dieu, comme dans les mystiques platoniciennes de contemplation de l'Intelligible
par ce qui dans l'homme lui est le plus semblable, c'est-à-dire l'intelligence.
Dans les Écritures et l'expérience traditionnelle de l'Église, ce n'est plus
l'intelligence, mais le cœur de l'homme qui est l'organe moteur par excellence
de toute la vie,
non seulement physiologique, affective, mais aussi de la connaissance naturelle, et en fin de compte, de la vie spirituelle. C'est dans le cœur que se font les choix les plus intimes et tes plus secrets, nous le savons d'après l'Évangile: “C'est du trop plein du cœur que la bouche parle”(Mt12 : 34) . L'aveuglement spirituel lui-même est un "épaississement du cœur”(Mt13 : 5) ; en particulier le peuple d'Israël, qui honore Dieu des lèvres, “son cœur est loin de moi”(Mt15 : 8). C'est enfin du cœur que procède tout ce qui sort de la bouche, les pensées et les desseins impurs (Mt15 : 17-19).
non seulement physiologique, affective, mais aussi de la connaissance naturelle, et en fin de compte, de la vie spirituelle. C'est dans le cœur que se font les choix les plus intimes et tes plus secrets, nous le savons d'après l'Évangile: “C'est du trop plein du cœur que la bouche parle”(Mt12 : 34) . L'aveuglement spirituel lui-même est un "épaississement du cœur”(Mt13 : 5) ; en particulier le peuple d'Israël, qui honore Dieu des lèvres, “son cœur est loin de moi”(Mt15 : 8). C'est enfin du cœur que procède tout ce qui sort de la bouche, les pensées et les desseins impurs (Mt15 : 17-19).
C'est au cœur que s'enracine le
mystère de la personne humaine dans son secret intérieur, ce secret que seul
Dieu connaît. Si l'absence de Dieu est un endurcissement du cœur, c'est par la
rénovation du cœur que l'homme retrouve Dieu. “Je mettrai dans votre intérieur
un cœur nouveau; j'ôterai le cœur de pierre pour y mettre un cœur de chair.”(Ez12 :1).
C'est dans ce cœur nouveau que se réalise l'alliance nouvelle, et par cette
alliance, la vie divine s'écoule dans l'homme.
“Mon fils, donne moi ton Cœur” |
"Offrez
vos corps en offrande agréable, à Dieu (Rm12 : 1). " Que signifie
offrir son corps si le corps n'est pas une réalité positive?.
Le corps
donc participe à la prière; il n'est pas le siège du mal dans l'homme : il
existe des péchés intellectuels, je dirais presque des péchés spirituels, non
moins que des péchés purement charnels, Si donc d'une part, le corps participe
à la prière par la génuflexion, le jeûne, le signe de croix, la prosternation,
la station debout, la fatigue, d'autre part la joie spirituelle résultant de la
présence du Saint-Esprit dans l'homme, rejaillit sur le corps lui-même.
Les Pères insistent très
volontiers sur cette transfiguration du corps, du visage, qui est pénétré de
réalités spirituelles, La Joie spirituelle, dit saint Grégoire Palamas, qui
vient de l'Esprit dans le corps, n'est pas du tout corrompue par la communion
au corps, mais transforme ce corps et le rend spirituel, parce que celui-ci
rejette alors les mauvais appétits de la chair, ne tire plus l'âme vers le bas,
mais s'élève avec elle, de sorte que l'homme tout entier devient esprit,
suivant ce qui est écrit: “Celui qui est né de l'Esprit est esprit”(Jn3 :
6).
Il nous apparaît donc que la vie
surnaturelle restaure la vraie hiérarchie dans l'homme, La vraie relation des
plans corporel, psychique et spirituel. De par la soumission du corps à l'âme,
et de l'âme à l'esprit, l'homme rayonne tout entier de la présence du
Saint-Esprit en lui. Ceci transparaît dans un entretien qui nous est rapporté
de saint Séraphim avec un disciple. Ce dernier demande en quoi consiste la perfection.
Saint Séraphim répond: “À acquérir le Saint-Esprit”. “De quelle manière puis-je
savoir que je me trouve sous la grâce du Saint-Esprit?” Alors, au-delà des explications qui n'arrivent
pas jusqu'au fond du cœur du disciple, saint Séraphim lui donne l'expérience
du Saint-Esprit et lui dit: « Mon ami, nous sommes tous les deux dans l'Esprit,
toi et moi; que ne me regardes-tu?. - Père, je ne peux pas vous regarder car
votre visage est devenu plus clair que le soleil, mes yeux en sont éblouis, -
Remercie Dieu pour son ineffable miséricorde. Tu as pu remarquer que je ne me
suis même pas signé, mais dans mon cœur j'ai prié le Seigneur en ces mots: “Seigneur,
rends-le digne de voir clairement et avec les yeux de la chair, fais descendre
ton Esprit dont tu rends dignes tes serviteurs lorsque tu daignes apparaître
dans ta gloire”.
La suite de cet entretien assez
extraordinaire nous montre comment l'homme participe tout entier à cette
connaissance du Saint-Esprit. Ceci nous explique avec quel sérieux nous devons
comprendre la parole du Credo sur l'Incarnation: le Christ n'est pas seulement
devenu intelligence, “il est devenu chair”, afin de sauver l'homme tout entier.
La prière n'est possible que par
la restauration de cette vraie hiérarchie des plans de la nature humaine, par
la soumission du corps à l'âme, de l'âme à l'esprit, par le détachement de soi,
la “pauvreté en esprit”(Mt5 : 3), c'est-à-dire la pauvreté, le dénuement
spirituels, L'état de prière et de communion avec Dieu demande le dépouillement
des valeurs temporelles, inférieures, la soumission de celles-ci à la seule
réalité importante, l'avènement du Royaume de Dieu.
Référence :
La Douloureuse Joie. Abbaye
de Bellefontaine.(2007)