Se repentir, c'est vivre en Dieu, avec Dieu, dans le lieu le plus
favorable pour Lui: le cœur. C'est pourquoi Dieu a dit dans l'Ancien Testament
à Israël, ou plutôt à toute l'humanité: «Mon enfant, donne-moi ton cœur»
(Proverbes 23, 26). Ce cœur plein de souillures ... Le prophète Jeremie dit
encore: «Le cœur est compliqué, plus que tout, et pervers! qui peut le pénétrer.?!. ».
Moi, le Seigneur, je scrute le cœur, je sonde les reins, pour rendre à chacun
selon sa conduite, selon le fruit de ses œuvres» (Jérémie 17,9-10). Comment est
donc constitué notre cœur et ce qui se trouve en lui? D'abord, ce cœur est créé
par Dieu, à l'image de Dieu. Alors, comment connaître ce lieu, comment
connaître nos cœurs? Nous avons un cœur qui bat, qui donne le sang à tout le
corps, avec lequel nous vivons toute notre vie. On aime avec notre cœur, on
hait l'autre avec notre cœur, on parle du cœur, du cœur de l'homme. Depuis
l'Ancien Testament, on parle du cœur, et avec le Christ on parle aussi du cœur
... Mais de quel cœur.?!. Quelle sorte de cœur.?!.Mère Mariam Zacca.
Il y a, je crois, deux sortes de cœurs: le cœur de l'ancien Adam, Adam
de la chute, et le cœur du nouvel Adam, le Christ. Pour connaître notre nouveau
cœur, on doit vraiment suivre, et entendre, et voir les commandements du Christ
dans l'Évangile. Ce n'est que par les commandements que l'on peut vraiment
réaliser ce cœur en nous et, à la fin, avoir ce cœur et prendre ce cœur de
Dieu, notre Christ. Comment savoir? Si on dit cela à quelqu'un, si on parle
comme cela aux fidèles, aux chrétiens, ils demandent: «Mais comment peut-on
savoir?», « Moi, Je vous ai choisis, ce n'est pas vous» (Jean 15,16).
Donc, nous avons ce cœur qui a été appelé par Dieu. Nous n'avons pas un
cœur organique seulement, mais nous avons un cœur à la fois organique et appelé
par Dieu. Ainsi nous sommes devant le tabernacle de Dieu, le Dieu fort, le Dieu
tout-puissant. Nous sommes dans le silence devant Lui. À ce moment-là, on ne
crie pas à Dieu: «Aide-nous!» parce qu'on ne sait pas Qui est Dieu. Nous sommes
devant la grandeur et la puissance qui a créé le monde et nous-mêmes, et tout
ce qui se passe autour de nous et en nous. Mais on ne connaît pas encore Dieu.
Il nous a appelés pour être devant Lui. Maintenant, dans cette position-là nous
sommes à l'écoute. Et l'écoute descend sur nous, le silence, le silence de
l'éternité. Le silence absolu, qui est effrayant pour chacun de nous ... Il
attend, et nous, nous attendons aussi. Il crie, Il nous appelle une seconde
fois et Il attend. Il attend notre réaction. On doit réagir.
C'est alors que le silence devient un silence positif, un silence qui
bouge, un silence qui vibre, un silence qui parle, et on crie: «Parle ô Dieu,
Ton serviteur T'écoute!» (Isaïe 3,9).
Et c'est là, que commence la chute, notre chute. La chute de chacun de
nous. On commence, on tombe et on recommence. On écoute Dieu et nous Lui
disons: «Non! Nous ne voulons pas faire ce que Vous voulez. Nous sommes libres»
Et si on connaît bien l'Évangile et l'Ancien Testament, on ose Lui dire: «Vous
avez créé cet homme, qui est moi, à Votre image et à Votre ressemblance: donc
je suis libre» Et après plusieurs chutes dans la vie de chacun, il arrive un
moment où on demande - et cela peut se produire sous plusieurs formes: “Qu'est-ce
que vous voulez de moi. Qu'est-ce que vous voulez de moi.!..» Et le dieu de la
chair en nous, le dieu des passions, le dieu du moi, de l'égoïsme, nous dit: “
Mais fais ce que je te dis. Tu es libre» Et on commence cette descente, chute
après chute, dans notre misère intérieure, dans le péché, et on trouve les
abîmes vivants en nous, qui nous mangent et nous laissent sans volonté pour en
sortir. C'est cela le péché. C'est ainsi que réagissent et travaillent les impulsions
dans le corps biologique, contre Dieu. Et on aime cela. On vit en cela. Chacun
de nous. On vit dans nos communautés - non pas monastiques, on ne parle pas
maintenant de monachisme -, mais on vit comme cela dans la vie autour de nous.
Dans le monde avec tout ce qui se passe, la force, les guerres, les obsessions,
l'argent, les gens qui dominent, les gens qui sont pauvres et dominés, les
esclaves, les princes, les royaumes ... Et on commence à adorer d'autres dieux.
On sort de nous-mêmes pour tomber dans le monde. Or Dieu nous a dit: «Vous
n'êtes pas de ce monde» (Jean 15, 19).
Et Il continue de crier, mais on n'écoute pas! Après cela, Il nous
laisse. Dieu nous laisse. II nous laisse dans les abîmes pour nous donner des
leçons, pour que, peut-être, nous revenions - oh ! surtout quand on entend, on
doit revenir. .. Il nous laisse dans les abîmes, dans nos abîmes, dans le
monde, dans ce monde. «Parle, car ton serviteur écoute»
(1Samuel3: 10)
Et on crée des idoles. C'est la troisième chute. On crée des idoles dans
le monde. On crée l'argent, l'éducation, les institutions, on crée le travail
de chaque jour. On doit travailler. On doit faire, on doit continuer, on doit
réagir, on doit arranger notre vie, et notre santé, et la vie de chaque jour,
et les institutions, et les banques. On achète des maisons et on paye pendant
des dizaines d'années ... , et on finit par être cloué, cloué par la vie quotidienne
matérielle. Dieu acceptera! II acceptera tout cela ... Il acceptera tout ce que
l'on veut parce qu'Il nous a vraiment créés à Son image et libres de Le
choisir. II veut qu'on Le choisisse comme réponse à ce qu'Il nous a dit: « Je
vous ai choisis. Viens vers moi. Viens, Adam. Sors de là où tu es. Sors de la
terre. » Et Il crie. Il crie avec les guerres, Il crie avec la maladie, Il crie
avec les problèmes, avec la pauvreté, avec la santé qui est si faible, avec les
événements, et Il continue à crier nuit et jour. Il ne fait que crier: « Adam,
reviens! Reviens à moi! Je t'aime. » Mais on n'écoute pas parce qu'on a créé
d'autres dieux, d'autres idoles, et que jusqu’à maintenant on ne sait pas Qui
est Dieu. On ne veut pas de Lui et on ne veut pas se repentir. Le plus grand
cri, ce fut celui adressé à Abraham: « Quitte ta terre [ ... ] pour le pays que
Je t'indiquerai» (Genèse 12,1).
À la fin du compte, l'être humain sait - après coup - qu'il est faible
et il commence à tourner pour travailler, pour trouver, et il ne trouve rien,
sauf le néant. Néant après néant; chute après chute; plaisir après plaisir, qui
ne donne rien pour le cœur, pour son petit cœur qui cherche ... Mais à la fin
Dieu nous arrache avec tout ce qu'Il nous donne; Il nous arrache. Il nous arrache
par Son amour qui continue à taper, taper, taper dans le cœur. Il parle. Il ne
cesse jamais de parler. Il ne cesse jamais d'aimer. II ne cesse jamais de nous
servir, même dans nos passions, pour nous faire venir chez Lui. Et voilà le
miracle, le grand miracle est là ! ... Tel est le mystère de l'amour de Dieu:
que parfois Il nous sert dans nos passions ... , et étant compatissant, par la patience.
Oh ! comme Il est patient avec nous quand nous sommes dans nos chutes.!..
Après cela, Il nous appelle quand nous sommes au fond des abîmes, dans
le fin fond des abîmes, dans le noir ténébreux de nos passions et de notre volonté
de pécher. Il nous envoie quelqu'un, le Christ, dans l'image de quelqu’un: un
frère, une sœur, peut-être un mendiant qui passe dans les rues ... Oui, Il
envoie toujours quelqu'un, un bébé, des événements, mais de façon qu'Il puisse
travailler pour nous faire rejoindre Son paradis. Toujours Il passe et Il vient
quand nous sommes totalement brisés, totalement cassés, totalement faibles. II
nous dit: “Viens dans le nouveau tabernacle que Je t'ai construit”, et c'est le
cœur… Viens, Je t'aime. » Et on sent cela dans ce quelqu'un, dans cet ange qu'Il
nous envoie: la tendresse, la résurrection à travers cet ange qui vient pour
nous sauver. Il nous amène alors dans le lieu où Il vit.
Référence :
Buisson Ardent. Cahiers Saint-Silouane
L’Athonite. L’humilité. Mère Mariam Zacca.(Conférence prononcée à la 12e rencontre
de l’Association Saint-Silouane l’Athonite à Viviers(France). Le 22 Octobre 2005.