Saint Sophrony avec Mère Mariam au monastère Saint-Jean Baptiste. Essex. 1990 . |
J'ai connu quelqu'un qui a résidé plusieurs
mois au Monastère de Saint-Jean Baptiste, dans l'Essex. À la suite d'un entretien
avec un des Pères spirituels du Monastère, au sujet de l'essence de Dieu, il
adressa au Seigneur, le soir, avant de dormir, une prière d'attente ardente,
Lui demandant avec la liberté et la simplicité des enfants: «Seigneur, je
voudrais mieux te connaître ... Quelle est ton essence, ô mon Dieu», Puis il
dormit. Quand il se réveilla, le lendemain de bon matin, pour prier, étant
encore au lit, la lumière de la Sainte Trinité brilla devant ses yeux et il fut
pris dans cette nuée lumineuse qui lui apparaissait de sa fenêtre et entendit
une voix qui lui répondait en francais :
«Dieu est Amour»
Puis il se rendormit. Il s'endormit durant
plus d'une heure et se réveilla porté par cette nuée lumineuse, divine, et y
demeura durant quatre jours ... buvant, mangeant, priant, écrivant, marchant et
traduisant, envahi par une joie divine sans pareille ... Il regardait les
visages des Pères, des moines et des moniales avec amour et leur murmurait son
amour en silence ... Et durant la prière quotidienne, à l'église –la «Prière de Jésus» -, ses larmes se répandirent pour son péché,
et pour toute la création afin qu'elle revienne à Dieu. Durant les Divines
Liturgies, il vit la lumière de la Trinité enveloppant le saint autel et le
prêtre de la semaine. Il vit la lumière resplendir au ciel, autour du monastère
et dans les bâtiments ... Il vit la lumière
le séparer de la matière. La nourriture devint pour lui légère, sans
consistance, et tout le reste se voila. Toute ténèbre, toute épaisseur, tout
l'univers autour de lui s'illuminait de la lumière de la Trinité, et il sentit
des vagues, semblables aux vagues de la mer, sortir des étendues autour de lui et
venir en lui, puis sortir de lui dans l'univers; des vagues d'affliction sur
toute créature et tout homme au monde. Il sut de tout son être comment il est
accordé à l 'homme, par la grâce divine répandue d'En-Haut de par Dieu, de devenir
un vase vide pour le Saint-Esprit; de devenir une demeure de l'Esprit, de la
lumière, de l'Amour Divin. Et, au sein de cette expérience divine, il se
demanda ; «Comment vivais-je, moi, avant cette expérience de la connaissance de
Dieu Sans cette aspiration et cet amour » Et il sut, en son cœur, après cette
expérience, que sa prière ct sa vie entière s'adonneraient à acquérir cette
lumière ct ce feu de l'amour divin et qu'il prierait, avec saint Silouane
l'Athonite, afin que le monde entier connaisse cette joie éternelle ...
Il y a, frères bien-aimés, deux manières de
vivre dans le monde: la vie avec Dieu et la vie hors de Dieu. Et chacune des
deux manières a ses degrés. La vie avec Dieu, et en Dieu, est la vie de
l'Évangile, la vie de l'Esprit divin répandu sur le monde, création nouvelle. Et
cette vie est celle que le Seigneur Jésus-Christ nous envoya après son
ascension auprès du Père céleste, son Père, par l'intermédiaire du Paraclet,
l'Esprit de vérité, le Saint-Esprit. Et cette vie, est la vie du Fils, le Verbe incarné,
parvenue jusqu'à nous par son premier commandement - «, Aime Dieu, ô homme, de
tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ton âme » - et par son deuxième
commandement - « Aime ton prochain comme toi- même » (Matthieu 22,37 ; Marc
12,30; Luc 10,27/ Matthieu 22,39; Marc,12, 31) Et, au terme de sa vie sur
terre, le Seigneur Jésus-Christ donna son dernier commandement à ceux qui le
suivirent, à ses disciples, en disant: «Aimez vous les uns les autres, afin
que le monde croie que vous êtes mes disciples» (Jean 13,34- 35). En ces trois
commandements réside le plérome, la plénitude de la grâce, la vraie vie qui
était en Dieu depuis l'Éternité et qu'Il donna au monde, à toute âme humaine
qui s'engage, sincèrement et fidèlement, à vivre en ce monde les commandements
du Seigneur.
Mère Mariam à Essex lors de la traduction du livre “Saint Silouane l'Athonite”. |
«Non pas nous, Seigneur, non pas nous, mais ton nom, glorifie-le»(Psaume 115,1). «Qu'est- ce que donc l'homme pour que tu songes à lui et le fils de l'homme pour que tu en prennes soin »(Psaume 8, 4-5).
Et la gloire du Verbe divin en la vie humaine
est la dignité unique qui resta à l'homme après sa chute du sein du Père, du
Paradis, car Dieu nous laissa au monde, comme un Caïn nouveau, marqué au front
de la marque du meurtre de son frère Abel.
Et cette marque restera l'empreinte de la
chute d'Adam hors du Paradis et le signe de sa haine pour son frère l'homme, et
une douleur qui aiguillonne le cœur de celui qui prie afin d'effacer, par ses
larmes, ses supplications, ses soupirs et l'exaucement de Dieu, la laideur de
son action première.
“Élève-nous, Seigneur, vers Ta Résurrection, autant
que possible, dans cet univers que Tu as créé, et répands sur nous Ton Esprit
Saint afin que nous voyons la vie par Lui et que nous t’aimions, et que nous
aimions notre frère, et nos ennemis. Amen”.
Référence :
Buisson Ardent. Cahiers Saint-Silouane
l’Athonite. L’amour des ennemis. Le
Sel de la Terre.