Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen!
Dans l'évangile, le Seigneur nous dit: «celui qui voit le Fils et croit
en Lui aura la Vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». Archimandrite Touma (Bitar).
« Celui qui voit le Fils» ; voir le Fils signifie que nous sommes dans
une disposition d'esprit (une disposition intérieure) qui nous permet de Le
voir.
La première chose (nécessaire), c'est que nous ayons des yeux pour voir .
Les yeux avec lesquels nous devons voir sont ceux du cœur.
Il nous faut voir le Seigneur éternellement, il nous faut sentir la
présence du Seigneur, il nous faut sentir le poids de la Parole de Dieu.
Et cela n'est possible que parce que la vérité a été implantée en chacun
de nous. Le Seigneur nous a créés à Son image et à Sa ressemblance et, donc, il
y a quelque chose en nous qui crie vers le Seigneur, il y a quelque chose en
nous qui est toujours prêt à répondre à Son appel.
C'est pour cela que « voir le Fils» signifie Le reconnaître, parce que
le Seigneur est déjà, en un sens, en nous-mêmes, à l'intérieur de nous-mêmes
depuis le début de la création.
Mais, à cause du péché de l'homme (de la chute), de même que le cœur de
l'homme s'est enténébré, de même la perception de la vérité s'est obscurcie en
nous.
Cependant, si nous cherchons ardemment la vérité, nous reconnaîtrons avec
certitude le Seigneur dans ses paroles.
Oui, c'est Celui qui vient pour le salut du genre humain, c'est Celui
qui vient pour me sauver, je l'attends depuis longtemps et le voici qui vient !
Voici donc notre première réaction à la Vérité, si nous aimons
profondément la Vérité, si nous avons vraiment le désir de chercher la Vérité.
La seconde est de croire en Lui
Croire en Lui signifie abandonner notre vie entre Ses mains. Croire en
Lui signifie que nous ne nous considérons plus comme nous appartenant à nous-mêmes,
mais comme Lui appartenant. C’est Lui le Maître, c’est Lui le Seigneur, c'est
Lui le Créateur. Nous avons été créés par Lui; Son souffle est en nous et notre
souffle Lui appartient. C'est pour cela que croire en Lui signifie s'abandonner
à Lui.
Ainsi, si nous voyons le Fils et croyons en Lui, nous aurons la Vie
éternelle.
Nous aurons la Vie, car Il est la Vie. Nous l'obtiendrons, nous
posséderons la Résurrection car Il est la Résurrection et la Vie.
À moins que nos cœurs ne s'élèvent vers Lui, à moins que nous ne nous
mouvions vers Lui de tout notre cœur, nous ne pourrons jamais aimer. Parce
qu'Il nous appelle à Lui donner, à Lui abandonner tout notre cœur: « Mon Fils,
donne-moi ton cœur! ».
Et c'est pour cela qu'il est impossible d'aimer quelqu'un d'autre ou
quelque chose d'autre plus que le Seigneur; autrement, nous Le trahirions, car
l'amour ne peut être segmenté, l'amour ne peut être divisé.
Nous devons donner tout notre cœur au Seigneur et en même temps, dans la
lumière de cet amour pour Dieu, nous donner entièrement aux autres.
C'est dans ce sens que notre ennemi est le monde. C'est pour cela que la
Parole nous dit que nous ne pouvons aimer à la fois Dieu et le monde. Le mot «
monde» ne signifie pas les gens, parce que le Christ est mort pour sauver le
monde, afin que nous soyons tous sauvés.
Ainsi, marchant sur Ses pas, nous devons aussi aimer les autres et
donner notre vie à tous, pour devenir une extension de son amour, du Corps de
l'Église, de l'Église.
Nous devons donc aimer les autres, mais nous devons haïr ce qui est douteux
dans leurs âmes, ce qui y a été insufflé et qui est le monde.
Le monde, c'est le souffle du serpent, le souffle du démon, le souffle
du malin qui a été insufflé dans Adam et Ève.
Dans ce contexte, nous ne devrions jamais oublier que notre Seigneur a
été crucifié dans ce monde. Il a été rejeté de ce monde et nous, Ses
serviteurs, nous ne pouvons avoir une meilleure destinée dans ce monde. Nous ne
pouvons faire la paix avec ce monde parce que le monde ne veut pas de nous. Ce
monde a rejeté notre Seigneur et ne peut que nous rejeter. C'est pour cela que
le monde est notre ennemi.
Et l'ennemi qui est en nous, c'est notre péché, notre vieil homme. Le
monde et notre vieil homme sont de même nature. C'est pour cela que le Seigneur
dit que nous devons nous haïr nous-mêmes: nous devons haïr notre péché, nous
devons haïr le vieil homme qui est en nous et, dans le même temps, haïr le
monde, le souffle du malin. Et cela, nous devons le faire de tout notre cœur,
totalement.
Dans une de ses lettres à ses bien-aimés, saint Joseph l'Hésychaste dit
la chose suivante: « Ô mon fils, prends garde! Le monde gît dans le mal de nos
jours et le malin y sème les graines de ses mauvaises pensées afin d'affaiblir l'ardeur
de nos âmes. "
Plus nous sommes impliqués dans ce monde, plus nous perdons cette ardeur
de nos âmes pour le Seigneur. C'est de cela que, sans cesse, nous devons nous
méfier. Nous sommes dans le monde, mais nous ne devrions pas être du monde.
Nous devrions dépendre le moins possible des choses de ce monde, juste le
minimum. Et saint Paul dit que si avons la nourriture et le vêtement, cela
devrait nous suffire. Nous n'avons pas besoin de grand chose dans ce monde,
nous n'avons pas besoin de beaucoup de livres dans ce monde, nous n'avons pas
besoin de beaucoup de privilèges dans ce monde, car tout cela nous éloigne de
notre Seigneur.
L'ardeur de nos âmes s'éteint. C'est pour cela que nous n'appartenons
pas au monde: nous ne sommes pas de ce monde. Notre monde se trouve aux cieux
et nous cherchons cette cité divine, la divine Sion qui nous est donnée par
notre Seigneur.
Et ici-bas, ainsi que nos Pères nous l'ont toujours enseigné, nous
sommes en exil. Nous avançons, nous cherchons la Face du Seigneur: « C'est ta
Face, ô Dieu, que je cherche ... ».
Ce que nous désirons vraiment, pour satisfaire notre cœur, c'est d'être
dans Son amour, d'être dans Son cœur, d'être en Lui, et cela, nous devons y
parvenir.
“cherchons la Face du Seigneur”
Ici-bas, nous devons nous préparer, chaque jour de notre vie. Notre vie
n'a de sens que si nous cherchons la grâce de Dieu, si nous cherchons la Face
du Seigneur; autrement, nous perdons nos vies, nous perdons notre temps car,
tôt ou tard, nous quitterons ce monde et nous n'emporterons rien avec nous, à
part ce que nous avons donné dans ce monde, à part la seule chose nécessaire,
qui est notre Seigneur.
Dans le même sens, saint Joseph l'Hésychaste disait: « Éloigne-toi des
mauvaises pensées comme du feu. Le monde est trompeur, plein d'iniquités, une
Babylone pour Adam et pour nous aussi. Béni est celui qui pratique le commerce
de la piété! Il est en exil et atteint le port du Salut, car il se réjouira
pour l'éternité avec les saints et il régnera avec le Christ pour l'éternité ».
Donc, nous devons diminuer notre contact avec le monde. Nous devons
apprendre à restreindre notre contact avec le monde pour pouvoir croître dans
la connaissance de Dieu, dans Son amour, dans Sa parole, dans Son esprit.
Et tout cela, nous devons le faire, comme Je l’ai déjà dit, de tout
notre cœur, chaque jour et à chaque instant de notre vie.
Chaque instant est très précieux, car de chaque instant notre salut peut
dépendre.
Nous avons toujours à incliner nos têtes devant le Seigneur dans le
repentir; nous devons incliner notre tête avec le Seigneur, qui est notre vie
elle-même, notre but, maintenant et toujours.
Si nous agissons ainsi, alors nous avons été créés pour un bon dessein.Dans
le cas contraire, nous perdrions tout simplement le sens de notre vie et nous
perdrions notre âme, notre vie elle-même.
Si nous prenons conscience de tout cela, nous avons à le vivre, jour
après jour.
Et chacun d'entre nous devrait savoir que ce n'est pas la paix qui lui a
été donnée dans ce monde, mais des tribulations, que ce n'est pas le paradis
qui lui a été donné, mais la croix. II doit prendre sa croix. Il doit marcher
sur les pas du Christ jusqu'à la fin et, comme nos Pères nous l'enseignent, ne
jamais s'arrêter, jusqu'à sa mort.
Alors il sera comblé et reposera dans le sein du Seigneur.
Là et alors seulement il comprendra, là et alors il contemplera le
Seigneur et sera dans la Lumière éternelle.
Amen!
Référence :
Bulletin. Association Saint Silouane l’Athonite. N*12. Traduit de
l’anglais par Valérie Cagnat.
Prononcée lors d'une Divine Liturgie célébrée dans l'église double du
Monastère SaintJean- Baptiste, devant une assistance composée des moines et
moniales de la Famille de la Sainte- Trinité (Monastères Saint- Jean- Baptiste
et Saint-Silouane) de Douma El- Batroun et des pèlerins de l'Association
Saint-Silouane l'Athonite en séjour à Douma.