Saturday, July 4, 2020

Saint Sophrony l’Athonite : un trésor pout tout le monde.
Père Aimilianos de Simonopetra.


Saint Sophrony avec Père Aimilianos au
Monastère Saint Jean-Baptiste. Maldon. Essex.

Chaque fois que je voulais marcher dans la cour du monastère de Maldon, il m'était impossible de quitter l'étreinte respectable du très vénérable Géronda Sophrony (+1993). Saint, sensible, il ouvrait son cœur paternel à tous ceux qui venaient au monastère. Il disait: «Soyez parfaits comme notre Père est parfait» Et il vivait réellement cette perfection, c'est- à- dire qu'il priait intensément.
Bien connu de tous, Père Sophrony, est maintenant passé de la vie à la Vie. Ancien cénobite, ascète et père spirituel athonite, il était également un rejeton immortel de saint Silouane (+1938), dont il a rédigé la biographie avec un merveilleux discernement spirituel, vie qu'il a léguée à PÉglise en sa plénitude. Saint Silouane interpella notre vénérable Géronda avec ces paroles mêmes que le Seigneur lui adressa: « Garde ton esprit en enfer, et ne désespère pas »
Notre époque avait besoin de l'ascèse et des expériences mystiques de nos saints Pères; et la parole de Père Sophrony est authentique, comme l'était celle de saint Silouane.

Oh! comme le Starets Silouane lui-même comprenait com­bien l'impassibilité -cet élément tellement indispensable pour nous- dépendait des dogmes orthodoxes et de la prière quoti­dienne! et combien davantage notre Géronda le comprenait-il, puisqu'il vivait dans la Lumière avec les anges et les saints, comme un père universel, gardant jusqu'à la fin cette vie du cœur.
Saint Sophrony avec sa communauté monastique.
Bénis sont ceux qui ont reçu ou qui recevront désormais le nom précieux de Silouane l'Athonite, car la miséricorde et la bénédiction des saints remplissent toute la terre, et ressuscitent aussi les morts car le Seigneur victorieux rend vivants ceux qui accueillent la miséricorde et la bénédiction des saints.
Nombreux sont les miracles du Saint-Esprit que récemment nous avons vu prendre vigueur dans l'existence de saint Silouane, lui qui vécut, tels les saints anciens, avec zèle, «fraîcheur », na­turel et virilité de l'âme, à laquelle nous participons et dont nous recevons la joie.
Mais voici que nous verrons bien plus encore! Oui! notre Père, l'Archimandrite Sophrony, celui que nous avons aimé pro­fondément, car sa parole et ses œuvres sont vraiment dignes de foi.
Les éclairs, les nuages, les nombreuses difficultés, et spécialement sa participation à la vie de saint Silouane, sont devenus autant de révélations de l’intervention divine dans l'homme. Notre saint Géronda a souffert, il a pleuré; son cœur était une souffrance secrète; il a traversé la vie en marches douloureuses, chargé de peines mais armé de patience. Comment? ... Force du saint, Grâce de Dieu. En tout il pâtit des actions divines et se vidant de lui-même par amour, il nous a transmis les états indicibles des manifestations de Dieu dans la lumière incréée.
« Ouvre large ta bouche et je la remplirai »(Ps80: 11); c'est ce que disait Père Sophrony, et cela fut.
“le Père Sophrony a peint l'icône
de la vraie vie chrétienne
 et il a insufflé l'amour de Dieu”
Sa santé précaire ne l'empêchait pas de tourmenter volontairement sa chair, en sorte que, donnant son sang pour recevoir l'Esprit, il transmit la lumière du Christ aux foules de fidèles qui, avec entière confiance, l'approchaient. Et qui n'aurait pas voulu être irrigué, même silencieusement, par ces sources, jaillissantes et tranquilles, d'eau et de sang?
De cette "connaissance personnelle du Dieu vivant" laquelle est, comme il l'écrit textuellement, «un don incomparable», le Père Sophrony a peint l'icône de la vraie vie chrétienne et il a insufflé l'amour de Dieu, qui enlace toute la création, dans les centaines ou plutôt les milliers d'âmes qui le connurent et furent vivifiées par lui, et le confessent comme un homme rempli de l'Esprit Saint, véritable témoin des fruits d'une vie en Christ.
C'est cette vie que le saint Géronda transmit au monastère qu'il fonda à Maldon (Essex) en Angleterre. Qui peut y pénétrer sans éprouver une grande joie? car le monastère apporte tout à la fois la bénédiction de saint Nicodème de la Sainte Montagne, de Paissy Velitchkovsky, de Séraphim de Sarov, de saint Silouane l'Athonite, et celle du saint et serein Père Sophrony, l'âme de cette communauté monastique. La vie quotidienne des moines et des moniales est immergée dans les feux rayonnants de l'Ortho­doxie dont elle est une petite expression, bouleversant et attirant toute la terre par le souffle du Verbe de Dieu qu'elle com­munique.
Toute la vie du monastère est l'expression d'une joie divine, d'une vie céleste avec le chœur des anges; c'est une allégresse sans fin, un séjour en Dieu. Il est normal qu'il y ait des privations matérielles, et cependant le monastère vit et grandit avec la force et la bénédiction de celui qui y demeure, je veux parler du saint Géronda Sophrony. Cette communauté internationale donne une impression d'universalité et d'authenticité digne de l'Église des temps apostoliques. Là, il n'existe pas d'objectifs intéressés ni de programmes ou plans de ce monde, le seul but est d'aider les âmes qui accourent vers ce coin de ciel, à se retrouver dans l'éternité.
La cabane de Saint Sophrony
à Maldon- Essex.
Il est bien connu que dans la vie de notre Église, le peuple de Dieu aime les offices monastiques et le contact avec les moines, comme un renouvellement de son cheminement spiri­tuel. Ainsi en est-il au monastère de Maldon, spécialement les dimanches et jours de fêtes où, naturellement, est accueillie la foule des fidèles - dont un bon nombre est hébergé -, qui déferlent au monastère et y restent jusque dans l'après-midi, sans donner l'impression d'être des touristes. L'accueil est cordial, spontané, hospitalier, empreint de dignité. Tous les moines, avec un amour touchant et avec abnégation se consacrent aux pèle­rins, travail assez fatigant pour ceux qui recherchent la prière dans l'hésychia. Les moniales de même, cœurs limpides et purs, transmettent une douce chaleur spirituelle.
Mais les gens comprennent le sacrifice des moines et, selon leurs possibilités, ils leur viennent en aide. Réellement, ad­mirable est cette cohabitation des moines et des laïcs dans laquelle se manifeste clairement la diversité et l'unité au sein de l'Église orthodoxe: l'un confesse, l'autre fait la catéchèse; un autre dispense un enseignement aux adultes, tandis qu'un autre encore s'occupe des enfants; d'autres discutent sur des thèmes donnés et dissipent les doutes. Tous édifient, en actes et en paroles, par l'expérience que leur a révélée et laissée le vénérable Père Sophrony.
Nombreuses sont les personnes qui viennent témoigner leur amour envers la communauté. Ainsi en est-il de Monseigneur Jean, saint Métropolite de Pergame, qui avec sérieux et noblesse offre un trésor en tirant de son carquois ses biens théologiques. Sa présence est lumineuse et majestueuse.
Que dire des écrits du Géronda «à la belle parole»? écrits qui, par leur rayonnement au-delà des choses visibles, seront médités comme un trésor intime caché aux tréfonds de l'âme. Il ne nous sera plus nécessaire de rechercher, désormais, les ouvrages spirituels des anciens Pères ainsi que des com­mentaires, car nous avons le sentiment que les écrits de l'Archi­mandrite Sophrony constituent une véritable nouvelle Philocalie. Oui, réellement! ils sont à la fois la règle exacte, la boussole sûre, le guide de la rencontre avec Dieu, les réceptacles d'une connaissance qui donne douceur, grâce et espérance, et fait monter directement les cœurs dans l'éternité.
La tombe du bienheureux Sophrony.
   Icônes de Saint Silouane et Saint Sophrony.
En approfondissant ces livres saints, par lesquels le monde entier a reçu la possibilité d'approcher Dieu, nous sommes émus, et nous honorons leur auteur comme un saint, comme un ange, se tenant maintenant devant le trône de majesté de Dieu.
Nous exprimons le désir profond, et nous prions, pour que l'Église fasse épanouir d'autres présences semblables et vivantes pour lesquelles nous rendons grâce et remercions le Seigneur qui est glorifié en Ses saints, car «c'est Lui qui est, Il était et Il vient». C'est Lui que recherche l'Occident et il Le trouve dans la communauté protégée par Dieu, celle du saint Starets Sophrony, qui est sanctifié et qui nous sanctifie par Dieu agissant en lui.
L'Orthodoxie a toujours vaincu par l'expérience de la vie intérieure, et elle en témoigne avec la puissance de l'Esprit, pour que devienne manifeste la parole évangélique : «la puissance se déploie dans la faiblesse»
C'est cela que démontre aujourd'hui la vie du monastère du Saint-Précurseur à Maldon, lequel est une expérience de la vraie vie, vécue non dans le désert du Jourdain mais dans le monde européen qui, continuellement, est vivifié par les divines expériences des saints Pères. - «Da, da, da!»(“Oui, Oui, Oui!” le Père Sophrony avait l’habitude de prononcer ces mots en russe, en signe d’acquiescement). Inoubliables expériences! Nous puisons aux racines et aux fondations des vénérables Pères spirituels de l'Athos qui enrichissent l'Ortho­doxie en Occident. C'est un trésor pour tout le monde, comme un télescope de Dieu.
A lui seul, l'écho de la parole de Père Sophrony transmet la vie, toutefois non pas comme un mort mais tel un ressuscité tout pénétré d'un esprit vivifiant, ainsi que nous avons connu et comme nous avons vu et tel que nous en avons été instruit. Et nous avons loué Dieu en voyant en cet homme les profondeurs de la volonté du Père accomplie dans l'Esprit vivant, et mani­festée avec puissance par les saints martyrs.
Notre saint Géronda est un «astre radieux» dans la lumière du Seigneur, contemplant désormais la face de notre Père céleste. Voici une grande gloire et une béatitude.!!.



Référence :
Le Sceau véritable. Catéchèses et discours(1). Archimandrite Aimilianos. Éditions Ormylia. 1998.