Saturday, October 15, 2022

Le bateau à voiles.!!.
Saint Sophrony l'Athonite.

Noisy-le-Grand, 4 Janvier 1948.[1]

 

Saint Sophrony the Athonite.

Chère en Dieu matouchka Natalia.

Je me rappelle quelque chose qui s'est passé à l'Athos. Un bateau à voiles était ancré près du débarcadère du monastère. Soudainement une forte tempête s'éleva, venue de l'ouest. Les vagues poussaient le bateau vers la rive. À chaque instant le danger était que le câble de l'ancre se rompe et que le bateau et son équipage soient projetés contre les rochers. Depuis la fenêtre du réfectoire, quelques moines observaient la scène. Je suis arrivé au moment où les matelots essayaient d'enjamber le bastingage et de sauter dans une barque pour sauver au moins leurs vies. Le petit bateau était balloté de haut en bas. La barque encore plus. Enjamber le bastingage, sauter pardessus bord et atterrir juste dans la barque étaient non seulement difficiles, mais mortellement dangereux. En voyant cela, un des jeunes moines qui se tenaient près de la fenêtre, le diacre Séraphim, ne put retenir ces mots: « Oh, comme mon cœur souffre pour eux! » Le père Silouane qui se trouvait là lui posa gentiment la main sur l'épaule et lui dit: «Si ton cœur souffre pour eux, c'est qu'ils sont sauvés». Et en effet ! Ils ont tous réussi à sauter dans la barque et ont miraculeusement atteint le débarcadère en béton, rejetés par une vague qui passa pardessus. Sauvés, ils ont couru à l'église pour célébrer un office d'action de grâces.

Quand vous êtes tombée malade, je sais que le cœur de beaucoup de gens qui vous aiment a souffert, et c'est pourquoi je crois que vous êtes sauvée.

Que Dieu garde votre précieuse vie. Avec mon amour en Christ,

Hiéromoine Sophrony.

 

 

Référence:

Lettres à des amis proches. Archimandrite Sophrony. Cerf. 2013.

 



[1] Cette lettre est écrite par le Père Sophrony à Noisy-le-Grand où il se reposait après une grave maladie. À cette époque, matouchka Natalia souffrait de fréquentes crises cardiaques.