Saturday, October 1, 2022

Il est proche et répond rapidement.
Saint Sophrony l'Athonite.

 

Saint Sophrony l'Athonite.

        Voilà que, pour commencer, nous venons de prier Dieu, ensuite la Mère de Dieu, puis le Baptiste et, pour finir, Silouane. Pensez donc: son nom est maintenant invoqué sur tous les continents, et il est notre père très proche. En pensant à lui, nous réalisons quelle vie grandiose Dieu nous a donnée. Nous voyons maintenant comment Silouane, notre frère et père, accueille les prières qui lui sont adressées, et en Amérique, et en Extrême-Orient, et ici pour nous. Un jour, une femme a dit à notre père Nicolaï: "Il est proche et répond rapidement. Pour lui, il n'y a pas de distance. Il a prié pour le monde entier, et maintenant le monde est devenu sien."

Voilà... Vous voyez, j'ai débuté mon entretien en parlant de Silouane Je n'avais pourtant rien pensé à l'avance. Mais nous - si vous voulez - en devenant ses disciples, nous nous sommes placés dans une condition permettant d'embrasser le monde entier. Cette condition découle du commandement du Christ. Notre grand Dieu qui a créé le cosmos visible, nous a créés, nous aussi. Il nous a créés potentiellement semblables à Lui, et nous devons résolument suivre cette voie. Devenir chrétien, - c'est une œuvre extraordinairement grande. Et voilà, c'est dans ce but que vous êtes tous venus ici.

Dieu a dit: "Créons l'homme à notre image et selon notre ressemblance" (Genèse 1, 26), et nous a donné l'ordre de devenir semblables à Lui. L'homme est esprit, - esprit immortel. L'homme est intelligence, - intelligence éternelle. Il lui a été donné d'entrer en contact avec la lumière de la Sagesse divine. Nous vivons chaque jour dans cette atmosphère, et chaque jour notre conscience se développe.

"Seigneur, Toi qui nous as créés à Ton image, demeure avec nous et apprends-nous à suivre Tes pas. Tirés du néant, nous sommes aujourd'hui appelés par Toi à être avec Toi, mais nous reconnaissons notre faiblesse. Viens donc, Toi qui nous as créés, et apprends-nous Toi-même à vivre d'une vie semblable à la Tienne."

C'est cela le but de notre venue au monastère. C'est une chose grande - extraordinairement grande - que d'être chrétien. Saisir, comprendre la grandeur du don de Dieu, - cela dépasse tellement notre mode d'existence corporelle, que nous ne trouvons ni parole ni aucun autre moyen pour exprimer notre étonnement devant Dieu.

Que se passe-t-il au moment présent? Certains parmi vous sont venus il y a déjà quarante ans; d'autres - il y a peu de temps. Il m'a été donné de survivre à tout, de parvenir à une vieillesse fort avancée, et d'achever ma route. Mais en achevant ma route, je désire, moi qui vous aime, que vous soyez protégés par les Anges de notre Dieu, et que vous poursuiviez votre voie jusqu'à la pleine ressemblance à Dieu.

Ainsi donc, ce lieu a pour nous une mission et une signification pour lesquelles l'adjectif "grand" n'est nullement suffisant. Je vous en supplie, avant mon départ: ne soyez pas naïfs! Efforcez-vous réellement de pénétrer dans cette possibilité extraordinairement précieuse que Dieu nous a offerte: d'être avec Lui dans un amour éternel. Mais cette tâche est liée, comme nous le voyons, à de grands efforts dès le début de notre vie dans ce corps. Dieu nous a donné un esprit immortel, une intelligence cosmique. Ayez crainte et honte de perdre ce don.

Chacun de nous doit atteindre à la mesure de l'Adam parfait.

Etant porteurs de cette grande vision, conduisez-vous de manière à être dignes de cette confiance de Dieu. Cela se réalise par un effort ascétique. Il nous faut d'abord lutter contre la forme de notre existence terrestre avant de passer à l'être éternel.

Plus le temps de notre vie passe, plus notre vision du monde s'élargit: nous embrassons dans notre prière tout l'être cosmique, parce que tout l'univers a été créé pour l'homme. Cette tâche n'est pas facile. D'une manière étrange, le Seigneur a lié la vie en Lui, l'amour pour Lui, à de profondes souffrances. Et vous, mes chers frères et soeurs qui êtes venus ici, ne perdez pas cette inspiration, car rien ne peut compenser la perte du don de Dieu.

En examinant les formes visibles de notre vie, qu'apercevons-nous? Que l'homme naît maintenant, non comme le premier Adam, qui était l'unique homme dans le monde. Nous naissons de nos pères et mères comme de petits enfants, comme une tabula rasa, entourés par une colossale organisation de toute la vie du monde. Il nous faut choisir tout ce qui nous conduit à notre but ultime, qui se définit par le terme "salut". Et en quoi consiste le salut? A être sauvés de la mort qui a frappé notre Ancêtre et, du même coup, nous tous.

Nous croissons entourés de divers courants de pensée, de buts, et ainsi de suite. Mais nous sommes déjà sauvés, dans une bonne mesure, par le seul fait que nous avons accepté le Christ comme Dieu, comme notre Créateur, - Créateur dans un sens particulier: Il crée "à l'image et à la ressemblance". Il crée notre vie et, en même temps, Il s'adresse à nous comme à des êtres semblables à Lui. Il nous faut tout apprendre peu à peu.

Comprenez-vous ce que je vous ai dit? Vous devez, tous, lutter en priant pour tous et pour chacun, afin de devenir une seule famille et ainsi parvenir au salut. C'est la grande culture de l'obéissance, du renoncement à sa volonté propre, à sa petite volonté individuelle, pour la réalisation de la volonté du Père, comme le dit le Seigneur dans la prière dominicale: "Que Ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel" (Matthieu 6, 10).

Ainsi donc, mes bien chers, ne m'attribuez pas cette parole, mais recevez-la, en quelque sorte indépendamment de moi. Je ne suis qu'un simple homme, mais la parole qui nous a été donnée de Dieu, de Jésus-Christ, je vous la communique selon ma position. Ecrivez-la sur vos coeurs et priez; et lorsque le feu de la prière vous touchera, quel que soit le travail que vous fassiez, le Dieu éternel sera avec vous.

Je vous rappelle ce point: ne commettez pas de fautes, ne gâtez pas cet endroit. Faites de ce lieu - pardonnez-moi l'expression - un tremplin pour le Royaume de Dieu. Ce mot "tremplin", tiré du langage sportif, m'est spontanément venu à l'esprit; il est déplacé, mais peut-être convient-il quand même. Comprenez-vous?

Voilà, pardonnez-moi. Avant ma fin, je vous parle de choses très importantes, mais les mots pour les exprimer sont simples. Pour le juste, la mort abolit les distances

Aujourd'hui j'ai été de nouveau frappé par la pensée que Silouane entend simultanément ceux qui lui parlent du Canada, ou d'Afrique du Sud ou d'Australie ... à l'instar du Père Porphyrios [célèbre père spirituel grec, né en 1906, mort en odeur de sainteté à Kavsokalyvia, Mont Athos, le 19 novembre/2 décembre 1991. N.d.T.] qui disait au Dr Papazachos: "Après ma mort, je serai plus près de vous. Pourquoi? Parce que la mort abolit les distances." Il n'y a plus de distance. Et nous voyons que l'amour de Silouane dans sa prière pour l'Adam total pénètre le monde entier, bien que ce dernier ait des dispositions très différentes des siennes.

Ainsi donc, tâchons de vivre de telle manière que notre père Silouane puisse se réjouir, et non pas pleurer à notre sujet. !!.

 

 

 

 

Référence :

Paroles à la communauté.  Pentecôte. 1999. N*36.