Saturday, April 9, 2022

La beauté de notre Dieu.
Saint Sophrony l’Athonite.


   
 
Saint Sophrony l'Athonite.
    Demeurer éternellement en Dieu, avec Dieu. Nous portons en notre conscience ce but final, mais comment peut-on le réaliser? Si nous allons dans le monde, nous trouverons que le monde organise sa vie en fonction d'autres buts, d'autres idéaux; c'est pourquoi, trouver une famille spirituelle en Christ est un don extrêmement précieux.

Et je rends grâce au Seigneur de m'avoir conduit aux pieds de Silouane. Dans notre monastère, qu'est-ce qu'il y a? Un dépassement de la faiblesse humaine qui limite la personne humaine. Nous avons souvent dit qu'il est parfois difficile de supporter les autres langues, les autres habitudes, les autres cultures ou le manque de culture, etc. Mais Dieu nous a donné de vivre ensemble en paix: vous savez qu'ici il y a plus de nationalités que dans les grands monastères. Notre monde est plus large, plus universel que dans les grands monastères. Notre progrès spirituel dépend de notre attitude, et ce que je voudrais, c'est que Dieu nous aide à surmonter les difficultés de notre vie.

Beauté des commandements du Christ.

Quelle est la difficulté de notre vie? Dix mètres à côté de notre monastère se trouve un monde tout à fait différent du nôtre et nous sommes sous son pouvoir. Même si nous ne rencontrons pas les gens directement, l'atmosphère est quand même créée par la masse ambiante. Alors, persévérer dans notre prière liturgique pour le salut du monde n'est pas une tâche minime, mais grandiose. Cette tâche est accomplie d'une manière très modeste; aussi est-elle incompréhensible aux gens de ce monde qui viennent et nous voient, car ils ne peuvent pas comprendre le vrai contenu de notre vie. Quant à nous, nous sommes attirés par la beauté spirituelle des commandements du Christ qui dit: « Il a été dit aux Anciens ... Eh bien! moi je vous dis ... » (cf Matthieu 5, 21-22). Le Christ, qui a donné la loi à Moïse, lui a donné sa révélation d'une manière encore relative: « Aime ton prochain. » Et qui est mon prochain? Quand un légiste demanda à Jésus: « Qui est mon prochain?», Il lui montra un Samaritain, qui était à cette époque-là l'ennemi le plus détesté des Juifs. Autrement dit: « Aimez vos ennemis». Quand nous vivons cet amour en nous-mêmes, nous pouvons répondre: Oui, c'est difficile; oui, c'est douloureux. Mais en étudiant autant que possible l'histoire de l'humanité, des cultures et des religions, nous voyons que personne ne dépasse le Christ sur le plan éthique, et la beauté éthique du Christ nous attire à tel point que nous sommes prêts à supporter n'importe quoi afin d'être formés dans l'esprit du Christ. Il n'y a pas d'autre choix pour nous.

Prison de Dieu.

Le Christ a dit que ceux que le Père Lui a donnés ne peuvent pas être arrachés de sa main (cf Jean 10, 29). Et j'ai bien souvent pensé:

Qu'est-ce que le Christ veut dire? Il nous prive de la liberté? De quel genre est cette prison? C'est une prison où nous allons librement.

Personne ne nous y retient; on est toujours libre de la quitter. Oui, nous sommes les prisonniers de la beauté de notre Dieu. Nous arrivons à une chose que j'aperçois dans ma vie, à la question: qui est Dieu? Qu'est ce que cela veut dire, «Dieu» ? Qui est-Il? Et pourquoi est-Il Dieu? Saint Paul dit que c'est le Père, le Créateur des cieux et de la terre et de tout ce qui existe; Dieu, c'est notre Créateur. Pouchkine, dans un de ses poèmes, dit: «... Qui par Son absolue puissance du néant m'a amené à l'être». Il L'appelle «l'ennemi» qui par une volonté mauvaise nous a créés. Et, je vous dirai que c'est juste, si l'on ne reconnaît pas le Christ comme Dieu. Pour les humains, l'existence sur terre est une souffrance sans fin. Pourquoi donc supportons-nous tout cela? Parce que le Créateur est venu et a habité parmi nous. Et nous Le connaissons maintenant personnellement. Si Dieu, notre Créateur, est comme le Christ, alors nous sommes les prisonniers éternels de son amour. Rien de ce qui est mauvais dans la vie du monde, ne peut pas émaner du Christ. Nous sommes ses prisonniers au point que nous ne pouvons aller nulle part ailleurs. Nous voulons réaliser notre parenté avec notre Père.

La fin du repentir: être semblable au Christ.

Gardez cela et vous ressentirez dans les profondeurs de votre cœur le caractère de notre vie, et vous l'apprécierez. Notre but est le plus grand, le plus parfait qu'on puisse concevoir. Et nous disons au Christ comme saint Thomas: «Mon Seigneur et mon Dieu» (Jean 20, 28). Je sais que tous nos maux sont à cause de moi et non à cause de Lui. Vient alors l'esprit de repentir. Pardonnez-moi d'avoir écrit dans mon livre que le repentir n'a pas de fin sur terre, parce que la fin du repentir, c'est de devenir complètement pareil au Christ. C'est ça le but. Tant que subsiste une distance entre Lui et nous, il y a de la place pour le repentir: «Aie pitié de moi, aie pitié de moi, aie pitié de nous». En répétant cette parole: «Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu, aie pitié de nous», nous exprimons que nous ressentons la distance qui nous sépare de Lui, l'Etre absolu, éternel. Et si, pour d'autres, le fait de répéter la même parole peut paraître stupide, pour nous elle a un sens différent. Sans cesse nous crions : «Oui, aie pitié de nous»... Priez pour moi. C'est assez.

 

Référence :

Paroles à la communauté. Archimandrite Sophrony. Noêl 2000 N*43.