† c’est peut-être Jésus Christ, mon Sauveur, qui
vient à dessein de me tenter.
Après
l’invasion des Perses pour Jérusalem, une grande multitude de gens se réfugiaient
à Alexandrie. Un de ces réfugiés, voyant quelle était l’extrême compassion du
saint patriarche Jean, pour les pauvres, résolut de le tenter et un jour qu’il
allait à l’hôpital visiter les malades ainsi qu’il faisait toujours deux ou
trois fois la semaine, il l’aborda avec un méchant habit et lui dit qu’il le
priait d’avoir pitié de lui qui était un pauvre réfugié. Sur quoi, le saint
commanda à son aumônier de lui donner six pièces d’argent. Les ayant reçues, il
alla changer d’habit et vint par un autre côté à la rencontre du bienheureux
patriarche et se jetant à ses pieds lui dit : Je suis dans le plus grand
besoin, ayez pitié de moi, je vous en supplie. Alors, il commanda à son
aumônier de lui donner six pièces d’or. Quand il fut un peu éloigné, cet
aumônier dit à l’oreille du saint : Je suis sûr, Monseigneur, que celui-ci a
reçu deux fois l’aumône. Mais il fit semblant de ne pas l’entendre et cet homme
étant revenu pour la troisième fois demander encore, l’aumônier tira doucement
le saint patriarche pour lui faire remarquer que c’était le même et alors, cet
ami de Dieu qui était véritablement miséricordieux et charitable lui dit :
Donnez-lui douze pièces d’or, car c’est peut-être Jésus Christ, mon Sauveur,
qui vient à dessein de me tenter.
† …“ recevra le centuple, et héritera la vie sans
fin.”(Mt19 : 29).
Saint Jean le Miséricordieux. |
Comme le très saint hiérarque, allait à
l’église, un dimanche, il vit venir à lui un homme qui avait été fort riche,
mais à qui il était arrivé l’aventure suivante: des voleurs étaient entrés dans
sa maison et avaient tout emporté jusqu’à la paille de son lit. Il avait essayé
de les découvrir, mais toutes ses recherches étaient restées vaines. Ainsi, il
se trouvait soudain réduit à une extrême pauvreté et il était venu conter son
malheur au très saint patriarche et le supplier avec humilité d’avoir pitié de
lui. Cette démarche lui ayant inspiré une grande compassion, parce qu’il savait
que cet homme avait été l’un des plus grands personnages de la ville, il dit à
l’oreille de son aumônier de lui donner quinze livres d’or. Celui-ci allant
pour exécuter cet ordre en parla au référendaire et à l’économe qui par une
tentation diabolique étant portés d’envie contre cet homme affligé le forcèrent
à ne lui donner que cinq livres d’or. Or il arriva ensuite que le saint
patriarche, revenant de faire une distribution aux pauvres, une veuve qui
n’avait qu’un fils unique lui mit entre les mains un acte de donation par
lequel elle s’engageait à remettre cinq cents écus aux pauvres. Il le reçut et,
après avoir renvoyé chez elles les personnes de condition qui l’accompagnaient,
il fit appeler ses aumôniers et leur dit : Combien de livres d’or avez-vous
données à celui qui m’est venu demander? Ils lui répondirent: Quinze livres,
comme votre Sainteté l’avait commandé. Sur quoi, la Grâce de Dieu qui était en
lui, lui ayant fait connaître qu’ils ne disaient pas la vérité, il fit venir
cet homme auquel il demanda ce qu’il avait reçu. Cet homme répondit qu’on lui
avait donné cinq livres d’or. Alors, le saint patriarche tira de sa main le
papier qui lui avait été présenté et leur dit : Dieu vous demandera compte de
mille écus de plus que ce qui est porté sur ce papier, puisque si vous aviez
donné quinze livres d’or, comme l’humble Jean vous l’avait dit, la personne qui
m’a apporté ces cinq cents écus en aurait apporté quinze cents. Et afin que vous
n’en puissiez douter, je m’en vais la faire venir. Aussitôt, il envoya deux
vicaires dire en son nom à cette pieuse veuve : Je vous prie de venir vers ma bassesse
et d’apporter avec vous le papier où est écrit la libéralité que Dieu, par la
bénédiction qu’Il a répandue sur vous a mis au cœur de Lui faire. Elle n’eut pas
plutôt entendu ces paroles qu’elle partit, et vint se jeter aux pieds du saint
avec une grande quantité d’or qu’elle lui présenta. Le bienheureux patriarche,
après avoir reçu son offrande et prié assez longtemps pour elle et pour son
fils lui dit : Dites-moi, je vous prie, ma fille, est-ce tout ce que vous aviez
dessein de donner à Jésus Christ, ou vous vouliez lui en donner davantage.
Cette femme ayant reconnu par ces paroles que Dieu qui habitait dans cette âme
sainte lui avait fait connaître ce qui s’était passé, lui répondit toute
tremblante: Je vous donne ma parole, Mon seigneur, par vos saintes prières et
par le saint martyr Ménas, que j’avais écrit quinze cents écus sur ce papier.
Mais il y a environ une heure, je l’ouvris et le lus sans savoir pourquoi car
votre indigne servante que vous voyez devant vous l’a écrit de sa propre main
et je trouvai que des quinze centaines, il y en avait dix de rayées sans que
personne y eût touché. Je fus étonnée et je me dis en moi-même: Ce n’est donc
pas la Volonté de Dieu que je donne plus de cinq cents écus. Le patriarche
ayant renvoyé cette digne personne, ses aumôniers qui avaient si mal exécuté sa
volonté se jetèrent à ses pieds, lui demandèrent pardon et promirent de ne
faire jamais à l’avenir de semblables fautes.
Référence :
http://www.moinillon.net/public/PDF/Jean-le-misericordieux.pdf