28 juin 1952[1]
Saint Sophrony l'Athonite avec l'icône de la Mère de Dieu. |
Oh, c'est une grande mer dans laquelle vous vous êtes
maintenant jetés. La mer de la grande vie de notre Église. Comme vous êtes
bienheureux, vous tous! Même si l'on sait qu'il n'y a pas d'endroit sur terre
épargné par la lutte pour l'existence, et qu'au début il vous sera très
difficile de vous adapter, ne serait-ce qu'aux conditions matérielles: le
climat, par exemple. C'est toujours si difficile de recréer un nouveau
chez-soi. Et je prie Dieu que vous ne perdiez pas courage, que vous gardiez
votre espérance en l'aide d'en haut, et que vous ayez en vous, pour toujours,
la force et la fermeté si nécessaires à une mère. Si vous le pouvez, répétez le plus souvent
possible: «Gloire à toi, Seigneur», jusqu'à ce que votre cœur sente que l'aide d'en haut est venue.
Alors, votre cœur se réjouira. Alors, vous qui avez si peu de force, vous la
sentirez affluer.
Merci beaucoup pour vos lettres. Nous avons tous tellement
envie de savoir comment vous vivez. Oh, si vous voyiez avec quelle intensité
tout le monde souhaite votre bonheur, en échange du bonheur que vous avez donné
ici aux gens! Mais cela, vous le savez sans doute, c'est inutile de le répéter.
Ceci est la première lettre que j'envoie à votre nouvelle adresse.
Votre maison, quelle qu'elle soit, est une bénédiction de
Dieu, et pour cela mille fois plus précieuse qu'une autre maison. «À Dieu
appartient la terre et son plérôme. » Il est bon de servir Dieu en tout lieu, mais surtout chez vous, là-bas. Que
Dieu vous garde. Quant à moi, j'essaie
de ne pas oublier de faire ce que vous m'avez demandé, pour que vous n’ayez pas à me
le répéter. J'écris au père Boris que j'ai toujours remercié Dieu, et que je Le
remercie toujours de m'avoir donné en vous un frère et une sœur chers et
fidèles.
Je bénis et j'embrasse les enfants. Ah, mes petits
chéris!
Comme j'aimais les voir. Comme je regrette de ne plus
pouvoir les embrasser. Comme les garçons servaient bien. Ah, mes Michouk et
Kouka!
Je vous remercie infiniment pour tout. (...) Le père
Silouane[2] s'inquiète
de vous de façon très touchante. Le père Lev[3] vous
salue. Tous ceux qui vous aiment aussi. Ce n'est pas facile de les citer tous.
[ ... ]
Que Dieu vous garde,
HIÉROMOINE
SOPHRONY.
[1] . C'est la première lettre envoyée à Kostroma où le père Boris a été nommé par le patriarche Alexis
lorsqu'il est arrivé en Russie.
[2] Hiéromoine (plus tard archimandrite), prêtre de la chapelle
Saint-Nicolas-le-Thaumaturge attenante à la Maison russe de
Sainte-Geneviève-des-Bois; moine Athonite.
[3] Archiprêtre Lev Liperovski (+ 1963),
recteur de la même chapelle.