La rencontre des Saints Silouane et Sophrony. |
Nous ne vivons pas
seulement notre propre drame individuel, mais par nous-mêmes nous vivons le
drame de l'humanité tout entière. L'autre jour nous avons dit que l'homme,
l'être humain, était un arbre. Et nous sommes les branches, ou même les
feuilles sur ces branches. Mais quand même, nous appartenons à cet arbre, dont
le nom est l'être humain.
Les Pères avaient une grande sensibilité
spirituelle pour déceler toute idée pouvant nous faire dévier de la vraie voie.
Nous avons des cas semblables quand des personnes se demandent quelle est la
voie la plus sûre, la moins déviante par rapport à notre but final. En fait, la
plupart des gens se situent au-dessous du niveau des dogmes; ils se trouvent à
celui de la psychologie, de la politique, mais ils n'ont pas encore une
conscience réellement dogmatique. Pour vous faire une confession, je vous dirai
que, ayant remarqué cela au commencement de mon service dans l'Eglise, j'ai
toujours craint de formuler quelque chose d'une manière pouvant nuire à une
personne qui me fait confiance. Il me semble que, - pardonnez-moi de parler de
moi-même, - il me semble, malgré les apparences extérieures de ce que j'ai
écrit dans mon livre Voir Dieu tel qu'Il est, surtout quand il s'agit de
la place du principe de l'hypostase dans l'Etre divin et dans l'être humain,
que je me tiens quand même sur la voie de Silouane.
Je vous dirai que dans le cas de Silouane nous avons l'exemple d'un théologien dont la théologie est un état de l'esprit humain. Un autre exemple qui manifeste le mieux cette réalité est celui de Saint Jean l'Evangéliste: il raconte des faits, mais chacune de ses paroles est devenue une base dogmatique pour l'Eglise. En son temps, Saint Jean Chrysostome disait: «Aidez-moi à lutter contre les hérétiques.» Cela n'est pas facile.