Saturday, December 31, 2016

Le Cierge de Saint Séraphim de Sarov.

   Parmi les choses ayant appartenu au bienheureux Serafim (de Sarov), les sœurs, qui étaient expulsées du Monastère de Diveïevo en 1927, conservaient soigneusement dans un précieux coffre un petit cierge: Quand "Mère Frossia" sortait ces reliques afin que les pèlerins puissent les vénérer, le cierge était d'ordinaire à part, personne ne le remarquait. Un jour, je lui demandai ce qu'il avait de singulier. Et elle me raconta son histoire.
   Le cierge datait de l'époque de "Saint Serafim". Il l'avait offert aux moniales juste avant de mourir en leur disant: "L'une d'entre vous ira en tenant ce cierge à la rencontre de mon corps quand il sera transporté et inhumé à Diveïevo. Car ma dépouille ne restera pas à Sarov, je viendrai vous retrouver à Diveïevo."
   À Son décès en 1833, le bienheureux fut enterré au "Monastère de Sarov". C'est là que des milliers de pèlerins, venus des quatre coins de la Russie, affluèrent pour le vénérer. En 1903, il fut canonisé et sa dépouille fut placée dans une magnifique châsse dans la cathédrale de la Trinité. Les orthodoxes avaient entendu parler, évidemment, des prédictions du bienheureux "Serafim" à propos du transfert de sa dépouille à "Diveïevo", mais elles semblaient si incompréhensibles, surtout après la révolution lorsque l'on considéra que ladite dépouille avait été anéantie, qu'on leur accordait une signification purement symbolique.
   "Mère Frossia" racontait aussi qu'en 1927, à la veille de la fermeture du monastère, la bienheureuse "Maria Ivanovna" avait rassemblé pour la dernière fois les religieuses et, prenant le saint cierge hérité du bienheureux, l'avait allumé devant toutes. Puis, elle avait prédit que la dernière survivante parmi les sœurs ici réunies irait à la rencontre de la dépouille de "Saint Serafim" à "Diveïevo" en tenant ce cierge à la main, au nom de toutes les moniales défuntes, torturées, assassinées et restées pourtant fidèles au Seigneur.
Mère Frossia - Moniale avec le
Grand Schème Margarita.
   Quand "Mère Frossia" me raconta cette histoire, il ne restait en vie qu'une dizaine de sœurs de "Diveïevo". D'année en année, leur nombre diminuait. Mais celles qui subsistaient croyaient saintement à la réalisation de la prophétie. Un jour, du millier de sœurs qui avaient vécu à "Diveïevo" avant la révolution il ne resta plus que "Mère Frossia".
   Les années 1990 virent renaître le monastère, et "Mère Frossia" quitta sa petite maison de la rue "Lesnaïa" pour une vraie cellule. En 1990, la dépouille de "Saint Serafim de Sarov" que l'on croyait à jamais perdue fut retrouvée. Une procession traversa toute la Russie et la ramena avec une grande solennité à "Diveïevo".
   Le cortège avait à sa tête le "patriarche Alexis" et les archevêques et quand, en présence de milliers et de milliers de fidèles et au son des cantiques, on porta dans l'église la dépouille du bienheureux "Serafim", la novice "Frossia", la moniale du grand habit "Margarita" se tenait sur le seuil, en habit ecclésiastique et le cierge allumé à la main.
   "Mère Frossia" est décédée le jour de la mémoire des nouveaux martyrs et confesseurs de la foi de Russie. Elle fut elle-même une pénitente et une martyre. Tout comme le père "Ioann (Krestiankine)" qui devait mourir ce même jour de fête, quelques années plus tard.
   
Référence:
Bonaque M.L. (2013), Père Rafaïl et autres saints de tous les jours, Archimandrite Tikhon (Chevkounov), éditions des Syrtes, Genève, Suisse.