Icône de la Sainte Trinité. |
À la base de notre anthropologie chrétienne
se trouve l'idée - révélée par le Dieu d'En-haut -, de la ressemblance à Dieu.
L'idée de la ressemblance totale, et non partielle, à Dieu est à la base de
notre anthropologie chrétienne. Dieu est supracosmique et l'homme, demeurant en
Dieu, devient lui aussi supracosmique. L'homme porte en lui-même l'image et la
ressemblance à l'Absolu, il porte en lui-même une conscience qui transcende
tout ce qu'il voit dans les limites de l'existence terrestre. Le chrétien vit Dieu
comme Père et comme Personne. Et lui-même, il se reconnaît comme personnehypostase.
Par la grâce que nous recevons de Dieu, nous savons à présent que l'Être absolu
ne peut être que personnel. Car notre Dieu est un Dieu vivant, existant, et non
pas une idée philosophique abstraite. Et l'homme-personne voit dans sa «personnalité»
l'image-reflet de l'absoluité de Dieu, certes pas encore complètement réalisée,
mais dont il est tout de même profondément conscient.
Entre Dieu et l'homme existe et doit exister
une certaine commensurabilité [soïzmerimost '], malgré leur incommensurabilité
[nesoïzmerimost ']. Si nous refusions cette révélation, toute vraie
connaissance adéquate de l'Être Divin serait complètement impossible.
Nous parlons toujours d'un personnalisme
chrétien. L'expression la plus parfaite de ce personnalisme chrétien se trouve
dans le mouvement de l'amour qui embrasse tout par la prière. Dans l'acte de
cet amour semblable à celui du Christ, le chrétien se donne sans réserve aux
autres, aux aimés. Avant tout, à Dieu; et ensuite, par la force de l'Esprit, à
tous les hommes. Dans cet amour kénotique, le chrétien se transcende lui-même.
L'amour vit dans l'autre, non pas en soi-même, et ceux qu'il aime forment la
vie du chrétien. Mais vivant dans l'autre, la personne-amour ne cesse pas
d'être elle-même. Par cette sortie de ses limites égoïstes, l'amour arrive à la
possession de tout, à l'unification de tout en soi. L'individualisme égoïste
conduit inévitablement à l'isolement et engendre la division par la lutte pour
son existence temporelle.
L'homme-hypostase, à l'image et à la
ressemblance de l'HommeChrist, devient dans son achèvement ultime, porteur de
toute la plénitude et de l'Être Divin et de l'être créé. Autrement dit, il
devient homme-dieu.
Dans la Sainte Trinité chaque Hypostase
contient en elle-même toute la plénitude absolue des deux Autres, sans les
abolir, ni les réduire au seul contenu de sa propre vie. De plus, chaque
Hypostase entre totalement dans l'être des deux Autres, renforçant ainsi leur
propre caractère hypostatique.
De la même façon, dans l'humanité
plurihypostatique, chaque personne est appelée à contenir en elle-même toute la
plénitude de l'être humain, sans éliminer d'aucune manière les autres
hypostases, mais en entrant dans leur vie comme leur contenu substantiel,
c'est-à-dire de leur vie. Par ce mouvement elle renforce aussi la personnalité
des autres. De cette manière se forme un seul être, [à l'image de] ce qui est
exprimé par le dogme de l'unique Essence en trois Hypostases [Divines].
L'humanité doit être une seule nature en une multitude d'hypostases. Telle est
l'idée créatrice de Dieu qui a créé l'homme à Son image et ressemblance.
Le tout: ressembler à Dieu jusqu'à
l'identité.
Dans la plénitude de la foi et par un long
exploit ascétique, l'homme doit atteindre la ressemblance à Dieu, même jusqu'à
l'identité. Il doit d'abord saisir, ensuite réaliser dans sa liberté le dessein
prééternel du Créateur pour nous. Tel est le sens du commandement du Christ: «
Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5, 48).
Saint Sophrony l'Athonite. |
La voie: la garde des commandements du
Christ.
Par ces quelques brèves formules j'exprime
l'essentiel de notre vie. On assimile cette vie par la garde des commandement
du Christ. Avec son principe de l'obéissance, le monachisme rend l'homme
capable d'embrasser tous les êtres humains dans son amour. Et nous devons
garder cela dans notre monastère. Je prie tout le temps pour que chacun de nous
ait pleine conscience du fait que cette petite famille est sa propre vie. Le
succès, la souffrance ou la maladie de qui que ce soit d'entre nous, c'est
effectivement notre succès ou notre maladie commune.
Le Seigneur a dit aux apôtres: « Ayez de
l'amour entre vous, par ceci on reconnaîtra que vous êtes mes disciples» (cf
Jean 13, 35). Comment comprendre ces paroles du Christ : «par ceci on
reconnaîtra que vous êtes mes disciples» ? Personne, excepté le Christ, n'a
parlé d'un tel amour; c'est Lui qui nous en a apporté la riche révélation.
Rappelons-nous donc ces paroles, et vivons
selon elles. Et alors, nous, aussi modestes, petits et pauvres que nous soyons,
nous deviendrons semblables aux apôtres des premiers temps. Cette vie est
unique; depuis les temps de la venue du Christ sur la terre, elle se conserve
jusqu'à présent par chaque personne qui veut comprendre le commandement de
Dieu.
Référence:
Parole à la
communauté. Pentecôte 2001. N*45.