Saint Léon le Grand.
Nous devons vivre dans le Carême plus saintement que dans aucun autre temps de l'année, parce qu'alors la jalousie du démon nous poursuit avec plus de fureur.
Le jeûne du Carême que nous commençons en ce saint temps, suivant l'ancien usage de l'Église, nous annonce assez que la fête de Pâques approche. Nous ne devons cependant pas, mes chers frères, vous priver du secours de nos instructions. Avec la grâce de Dieu, elles ne seront pas inutiles aux lâches, ni importunes aux personnes pieuses. Puisque la ferveur de notre dévotion doit augmenter dans ces jours particulièrement destinés aux bonnes œuvres, il n'y a aucun de vous, je pense, qui n'entende avec plaisir les exhortations qui peuvent vous y porter. La fragilité de notre nature, tant que nous sommes dans ce corps mortel, est si grande, que dans le temps même où nous faisons nos efforts pour atteindre à la perfection, nous avons souvent occasion de tomber dans le relâchement; mais nous pouvons aussi chaque jour croître en vertus. La vraie justice dans ceux qui ont fait quelque progrès, les empêche de croire qu'ils sont parfaits, de crainte que, s'arrêtant au milieu de leur course, ils ne soient en danger de succomber dès qu'ils cesseront d'avoir le désir d'avancer.